Pour les césars on va avoir trois sérieux candidats cette année, (c'est bien que l'hégémonie attendue d'un seul comme l'année dernière).
Tournée, Des hommes et des Dieux et Vénus Noire.
Deux de ces films parlent de femmes, mais sans raconter la même chose, l'un raconte l'ouverture de ces femmes, l'autre raconte sa détresse.
Vénus Noire est un grand film, il ne faut pas se le cacher, de la mise en scène de Kéchiche, qui va capter les émotions des spectateurs sur le vif, d'un plan de caméra, il arrive à leur donner une existence propre. Et c'est, si ça n'est pas la marque d'un grand cinéaste ? Idem pour sa Vénus, il la filme, elle parle peu, mais dans son regard l'on sent ce qu'elle veut dire et qu'elle ne veut/peut pas dire.
On est bien chez du Kéchiche traditionnel, ça fait plaisir, des longues séquences qui durent et qui durent, sans jamais laisser le temps au spectateur de s'ennuyer. Cette durée des scènes Kéchiche la doit à sa mise en scène exemplaire, sa caméra flottante captant l'émotion de l'instant pour la retranscrire à l'écran sans trucage.
D'ailleurs, dans les films récents, on a droit à des reconstructions numérique de Londres, Paris… Kéchiche est bien loin de tous ses artifices, il use simple d'une toile peinte, tellement plus discret et moins tape à l'oeil.
C'est un film qui fait dans la sobriété. Pas de tire larme, juste du vrai, alors ça Kechiche sait faire pour capter le vrai, l'instant, un petit coup de caméra et on a un pur moment de vérité, ça fait plaisir à voir, la sincérité qui émane du film.
Si l'on veut parler du propos, on est au XIX siècle, le film s'ouvre sur des scientifiques concluant que le nègre est un être sous évalué. Le ton est donné. Puis on assiste à une scène où une négresse est donnée en pâture à un dompteur, là l'intelligence de Kechiche est de nous montrer le spectacle avant les ficelles du spectacle qui vont se dévoiler à nous dans la scène suivante, on est clairement dans le jeu. On joue avec les idées reçues.
Les personnages ne sont pas tous des monstres, chacun est persuadé que ce qu'il fait est juste. Sauf cette Vénus qui subie le courroux de ses "associés" encore et encore.
Mêmes les gens qui veulent soit disant la défendre la prenne pour une "enfant", sous estimant son intelligence.
Mais au travers de tour, de spectacle, nous on va se rendre contre tout en subtilité qu'elle est intelligente, en faisant des numéros que personne d'autre ne pourrait faire.
Le film n'est pas là pour dire : Ohh les méchants européens, il ne culpabilise pas. Chaque personnage a ses moments d'humanité et ses moments où il est un monstre. Sans distinction.
Le film ne parle pas que de cette Vénus, il parle de la femme en général. De la science se sentant supérieure. De l'humain. Du dégoût. Du voyeurisme. De l'attirance. L'attraction de la chaire. La curiosité.
Bref c'est très bien et le final est assez splendide.