4,5
Publiée le 24 janvier 2025
C'est une immersion dans la mafia napolitaine, dans l'ordinaire de la mafia, ce qui distingue le film de Matteo Garrone des tragédies mafieuses baroques de Scorsese ou Coppola. Le film puise son réalisme et son humilité dans le décor vrai d'un quartier délabré et d'une population pauvre d'un faubourg de Naples, dans la rigueur d'un témoignage qui ne donne jamais le sentiment de complaisance ou d'articices dramatiques.
Nerveux et intense, le récit relate en alternance différents visages de l'activité mafieuse et de ses suppôts: spoiler: un "facteur" qui collecte et distribue les fonds du racket, un homme d'affaires qui s'attache le marché des déchets et, surtout, ce gamin fasciné intégrant une bande de dealers et ces deux adolescents qui s'imaginent déjà en caïds
. Le spectre de la mafia est largement balayé.
Ce qui assombrit cette chronique et constitue son point de vue le plus inquiétant, c'est précisément l'attrait que le microcosme mafieux exerce sur la jeunesse, pour ne pas dire que la mafia est, dans les conditions de précarité sociale du quartier, un employeur naturel.
Caméra sur l'épaule, Garrone circule entre les uns et les autres protagonistes, installe une atmosphère d'autant plus pesante et macabre qu'on sait que chacun des sujets emblématiques qui traversent le film rencontrera selon toute vraisemblance une spoiler: conclusion attendue, logique
. Avec ce sentiment pénible que l'Italie n'est pas près d'éradiquer sa criminalité "culturelle".
4,0
Publiée le 8 juin 2024
Film sombre et malaisant. À mi chemin entre le film et le documentaire, Gomorra offre une vision brute et sordide du milieu. Pas de paillettes mais une misère dans des quartiers insalubres où se mêlent débrouillardise et règlements de compte
4,0
Publiée le 5 mars 2023
Un très bon film italien sur le crime organisé avec Toni Servillo, Salvatore Ruocco, Maria Nazionale .
4,0
Publiée le 29 janvier 2023
Gomorra est un film clivant, qui repousse incessamment sa fréquence à démystifier l'impact romanesque autour de la Mafia, à tel point que le film se construit dans un arc narratif bien précis, raconter l'horreur, de manière totalement empathique et tout autant dénonciatrice !

Matteo Garrone, dès sa première séquence nous montre son sujet, la vie et la mort à Naples ! L'exécution sommaire dans l'institut, là ou ces types font leurs UV, ne prend pas de gant pour nous faire visualiser et prendre part à sa violence banalisé. S'ensuit une alternance entre vie de quartier, rapide tour des lieux, de son organisation, d'introduire ses personnages et une lente exposé de l'ampleur de l'ancrage de la Camorra et des effets de cette dernière. La chorale, son système tout du moins, nous fait vivre au compte goutte les situations, les trajectoires, nous prend comme témoin d'une certaine fatalité ...

Une échelle se dessine tel un graphique, les termes de profil, d'âges, de taux dénivelle une hiérarchie, un ordre d'on l'endoctrinement prolifère dans la rue comme dans les instances que l'on devine. Le rapport quasi documentaire et cinématographique de l'approche de Garrone appui à dépeindre le paysage plutôt qu'il ne dresse de portrait et prend la température de sa vision d'ensemble. Que se soit au cours de ce " bizutage " qui s'signifie l'initiation, ou bien dans cette scène hallucinante ou l'on dépêche des gosses sur le chantier pour contrer la crise immédiate, l'orchestration est façonné à grande échelle comme dans l'immédiateté. D'ailleurs, les éléments perturbateurs sont vites tenus à l'écart. Les deux fadas de Scarface en sont l'exemple idoine.

Je m'arrête quelques instants sur le cas de ses deux là. La fascination de ses deux jeunes types pour les dialogues, les scènes du film qu'ils tentent de reproduire par symétrie est une référence à la fois terrible de leurs idioties autant que du concept d'allégeance à l'imagerie codifiés d'un état de virilité normatifs. Il faut les voir canarder à tout va dans ce " marécage ", en slip de surcroit, comme si le rapport entre puissance et jouissance concordait de facto dans l'esprit de chacun. La destruction est une autre constance dans le sort de ses deux pauvres gosses que l'on sent imprégné d'un sentiment d'abandon et qui se réfugie dans une seule idée mortifère, qui les conduit au pire ...

Le trafic, les règles, les mesures et habitudes de l'organisation servent aussi à faire part du " terme " le plus important de ce long métrage, la Guerre. De l'imbécile, aux plus conscientisés, tous ont plus ou moins un pied dedans. Qu'ils prennent pars activement, ou à la marge, le chaos ici est de coutume et atteste de l'état et de l'ampleur de la catastrophe. " - Tu es avec nous, ou contre nous ! " Voilà, comment trivialement la chose est lâché à un gosse qui doit prendre la décision, sous pression, d'en être, ou d'en payer le prix. La transaction, qu'elle soit monnayable ou plus significatif, dans le sang donc, est une constante, une présence du rapport d'un conflit qui brise encore un peu plus les liens déjà difficiles.

J'aime particulièrement cette scène de la visite de Roberto et de Franco auprès des gens qu'ils grugent. Après avoir embrasser la vielle dame, pris son cageot de pêche, on s'empresse e les balancer car elles " puent ". La difficulté de ce passage à d'ailleurs révélé par les mots cette fois explicite dans la divergence de point de vue deux qui achemine d'entériner leur partenariat.

Gomorra est un drame qui prend le temps, entre froideur et réalité, le geste est imprimé à rendre compte de la déchante de ses gens, qui autant par accoutumance que par habitude se livre à survivre dans les conditions que nécessite cet état de fait. Le film de Mattéo Garrone ( on n'en oublie pas Saviano ) n'est d'ailleurs aucunement " enjôleur ", il est difficile, au cordeau, sans cesses impliqué à devoir prendre à partie l'ignorance, voulu ou non. Son ultime fond noir, pugnace et vindicatif sur son constat prend la communauté internationale, politique et citoyenne à prendre conscience de la mort perpétuelle qui s'abat sur ses populations d'Italie. Sans gros sabots, ni manichéisme, à hauteur d'homme, de femme ( enfin pas trop quand même ) et d'enfants, la violence est vue comme un cercle qui tourne dans deux orientations majeures, que l'on laissent carburé à la vitesse souhaité par ceux à qui profite le(s) crime(s) ...
4,0
Publiée le 24 juin 2022
Un film coup de point, souvent d'une violence quasi insoutenable, qui dissèque le monde abjecte de la mafia.
4,0
Publiée le 5 mars 2022
Ce film est à voir absolument car il montre le quotidien glauque que peuvent vivre ces jeunes désœuvrés qui sont tentés par ce mode de vie. Pas de luxe, pas de BMW ni de donzelles habillées super classe, mais la triste réalité de ce que la vie peut devenir lorsqu'on se confronte ou qu'on est confronté à cette machine impitoyable qu'est le crime organisé. Rien n'est attirant, ni les acteurs, ni les histoires contées....par contre ce film est un vrai documentaire présenté comme un film pour j'imagine faire avec les contraintes qu'a du rencontrées Roberto Saviano pour filmer et monter un film coup de poing, sans histoire romanesque ou héroïque. Pour les fans de la série, ce film risque de vous décevoir car on est loin d'un scénario écrit pour la télé. Il s'agit de montrer ce que peut $être la vie de ces gens qui vivent avec cette vérité qu'est le crime organisé dans le sud de l'Italie !! A voir vraiment !!
Ermite Geek

15 critiques

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4,0
Publiée le 11 juin 2021
Toi qui ne recherche que de l'action à outrance, et du pseudo ' mafio-romantisme" passe ton chemin, ce (très bon) film a décidé d être volontairement un documentaire sans concession de ce monde de la Camorra, sans fioriture, sans scène d'action de "western moderne', sans cliché que l on voit dans un film des qui traite de la mafia, bref c est la réalité a l état pure que tu te manges en pleine face ....
4,0
Publiée le 4 octobre 2020
Film tourné comme un documentaire, ce qui le rend encore plus réaliste, les acteurs sont très convaincant , bref on ne s'ennuie pas tout contrairement à ce que j'ai pu lire dans certaines critiques.Mais il faut avoir un minimum de connaissance du milieu et du peuple Napolitain, ce qui n'est pas donné à tout le monde.
4,0
Publiée le 19 février 2019
Une plongée sans concession et violente dans le milieu napolitain. Le style «documentaire» est un parti pris intéressant mais c'est compliqué de le faire durer sur 2h15, il y a un manque de rythme évident et le film ne décolle jamais vraiment. Mais ça a le mérite d'affronter de face le problème de la mafia napolitaine.
4,5
Publiée le 28 décembre 2017
Un chef d'oeuvre cinématographique qui reflète parfaitement la cruauté et la violence sans pitié de la mafia. Une tension présente toute au long du film nous plonge d'autant plus dans le contexte.
4,0
Publiée le 15 juin 2016
Aux antipodes de ses illustres prédécesseurs "Scorcésien" ,  "Coppolien", et consort qui filmaient la mafia, ses héros et ses petites mains avec une certaine grandiloquence, « Gomorra » inverse les codes en jouant la carte du réalisme et de l’immersion, directement dans une quartier napolitain gangrené, où le fric tourne beaucoup, mais jamais le luxe. Réalisation complètement maîtrisée, parfois proche du documentaire, « Gomorra » reste une fiction, avec une multiplicité de personnages, auxquels M.Garrone prend le temps de décrire et de faire évoluer. On a parfois du mal à les suivre au début, cela donne une impression de longueur, mais le puzzle qui contient beaucoup de pièces, donne au final une oeuvre dense et poignante. Jamais misérabiliste et complaisant, « Gomorra » avance doucement, salement, densément. Anti-spectaculaire et très efficace, vise le Milieu en plein cible.
4,0
Publiée le 15 juillet 2015
Tiré du livre du journaliste Roberto Saviano, cette plongée vertigineuse au cœur de la Camorra napolitaine à travers le portrait de plusieurs protagonistes – plus ou moins victimes du système – a de quoi désespérer. Loin de l'image romantique souvent véhiculée par le cinéma sur la mafia, ce film ne nous épargne aucun aspect sordide de l'organisation : l'enrôlement des plus jeunes, l'exploitation des plus faibles en particulier des immigrés, la guerre des gangs, les exécutions sommaires, les trafics en tous genres dont celui des déchets toxiques... Pas de place pour le rêve ici. La mise en scène est efficace et rythmée.
anonyme
Un visiteur
4,0
Publiée le 1 juillet 2015
Matteo Garrone nous livre un véritable film coup de poing sur la Camorra, cette mafia sévissant à Naples depuis des années. Filmé avec réalisme, Gomorra casse l'image mythique et idéalisé des mafieux habillés en costumes tels que nous les voyons dans Le Parrain ou Scarface. Ici la Mafia est habillé en jean, T-shirt et roule en Mini Cooper. Aux travers des portraits de plusieurs personnages, le film nous montre toutes les combines et trafics de cette mafia organisée dont les seuls mots d'ordre sont la violence et les armes.
4,0
Publiée le 9 janvier 2015
Magnifique descente aux enfers filmée presque comme un documentaire dans cette Italie gangrénée par la violence et la mafia, les personnages sont filmés avec talent, sensibilité et précision. Ici pas de pincette, mais la brutalité de la rue, la tension pure et dure, la violence puissante et déstabilisante. Grand Prix de Cannes en 2008 avec justesse !
4,0
Publiée le 14 janvier 2014
Bienvenu dans les bas-fonds de Naples, l'empire de la « Camorra », soit-disant bienfaiteurs de l'humanité s'engraissant sur la misère humaine et ne valant pas bien mieux que les autorités incompétentes et corrompues envers desquelles ils entendent protéger la population. Matteo Garrone adapte le roman éponyme de Roberto Saviano pour nous livrer un portrait cru et réaliste de cette partie de l'Italie livrée à elle même. Règlements de compte, drogue, racket, corruption, contrats de concessions pourris, exploitation d'enfants et d'ados sont le quotidien peu ragoutant de cette « Gomorrhe » à deux pas de chez nous. Un découpage au couteau, en 5 histoires, tragiques et pessimistes. 5 voies différentes mais finalement si proches, pour une critique ne manquant pas de vitriol. Le quasi amateurisme des acteurs, parfaitement dirigés, et la crasse ambiante filmée par Garrone, renforcent le réalisme glaçant du propos. Il manque tout de même un peu plus d'éléments politiques et économiques, plus fouillés dans le bouquin qui reste différent car véritablement basé sur l'investigation. Mais sans en être une adaptation trait pour trait, le film fait figure de complément essentiel du livre. A voir et à lire.
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