L'idée de départ était plus qu'originale et attirante : réaliser un film-documentaire sur la mafia italienne à Naples tout en désobéissant aux codes du film de gangster, afin d'être le plus réaliste possible. Ceci est largement réussi, en particulier grâce à l'excellente mise en scène (caméra à l'épaule, longs plan-séquences) et à la description des personnages. Ceux-ci sont en effet loin d'avoir la beauté et le romantisme de KIM ROSSI STUART (ROMANZO CRIMINALE), la classe et l'élégance de MARLON BRANDO ou AL PACINO [la trilogie du PARRAIN, SCARFACE (ce dernier est d'ailleurs cité à plusieurs reprise, ce qui renforce le fossé entre le personnage de cinéma et ces personages "réels" )]ou encore l'empire luxueux et paradisiaque de ROBERT DE NIRO (LES AFFRANCHIS, CASINO). Après une première scène aussi efficace que violente, le spectateur doit attendre un peu plus d'une heure pour retrouver ce rythme brutal et entraînant ; car pendant cette période, il y a un certain nombre de longueurs, de segments que le réalisateur aurait pu supprimer (en particulier, dans les histoires, de plus un peu compliquées, de Pascuale et de Roberto). Seul le récit de Marco et Pisé est suivi avec beaucoup d'intérêt. Ayant remporté le grand prix du festival de Cannes 2008, GOMORRA mérite quand même le détour pour sa deuxième partie tenant en haleine et pour ses annonces finales qui font froid dans le dos. Voyons ce que vaut le roman dont il est inspiré.