Dans un futur dystopique, où le le capitalisme a conduit l'humanité à détruire sa planète endémique, Wall-E, robot résiduel travaillant à empiler les déchets humains, découvre une lueur d'espoir : une plante. Cette vie annonciatrice d'un retour de la nature indique aux humains exilés dans la base spatiale qu'il est temps de revenir sur Terre. Mais sauront-ils tirer des enseignements de leurs manquements passés ? Le film ne le dit pas.
C'est une tentative pertinente, à la fois ludique et pessimiste, que de s'efforcer à imaginer les déboires paroxystiques de la société de consommation : les humains sont tous devenus obèses, paresseux, inaptes à effectuer le moindre effort physique. Le vaisseau spatial dans lequel ils vivent est régi par l'intelligence artificielle. Celle-ci opère les déplacements, simule le jour et la nuit, maintient l'ordre et la propreté, et répond aux demandes humaines.
Toutefois, à l'instar de la montée insurrectionnelle menée par HAL 9000, Auto, sous couvert de pérenniser la race humaine, entrave le retour sur Terre. Il incarne le pilotage automatique conciliant, impropre à réfléchir, piège mental dans lequel l'humanité est tombée. Les espoirs d'antan se retournent en peur du changement, en crainte de sortir d'un cocon confortable. Auto, en imitant l'esprit, reproduit ses failles et son obéissance aveugle aux ordres irrationnels, circonstanciels.
La projection transhumaniste du film, ainsi que sa piqûre de rappel écologique, se voient en partie amoindries par la romance empruntée de Wall-E. En souhaitant humaniser le robot solitaire et sa partenaire, Ève – référence biblique –, les thématiques se fondent avec une caractérisation habituelle. On aurait sûrement gagné en épaisseur à délaisser le côté neuneu de Wall-E, et à développer davantage les mœurs ayant conduit les humains à se morfondre.
Cela étant, pourvoir de sentiments un robot – malgré l'écart technologique que cela implique – le rapproche de nous. Le but est de le rendre attachant, d'éviter de mettre en scène un protagoniste froid ; or, là n'est pas le problème. Une nature bienveillante peut se dégager d'un robot impassible, pour la simple et bonne raison que nous, spectateurs, avons la faculté de percevoir des comportements humains chez des êtres dotés d'un regard expressif.