La merveilleuse histoire de Pixar est simple : depuis Toy Story, en 1999, petit bijou révolutionnant le cinéma jeunesse en imposant le film d'animation comme une option technique possible et un épanouissement artistique sans précédent, le studio n'a fait qu'enchaîner les réussites, se surpassant à chaque fois aux yeux de la presse et du public, malgré la faible baisse de régime que constitue Cars en 2006 qui est cependant bourré de qualité. A présent, Pixar souffre d'un phénomène de lassitude générale qui a gagné la presse et le public, et on peine à s'exclamer « chef d’œuvre » à chacune de leurs nouvelles créations qui n'en restent pas moins conçues avec un amour profond. Les plus antipathiques à la petite lampe n'hésitent pas à dénigrer de plus en plus leur parcours, et les vieux ronchons ressassent l'éternel « c'était mieux avant... ». Tout ceux qui ont un minimum d'objectivité seront d'accord pour dire que la grandeur immaculée de Pixar n'est plus, qu'après cette longue et incroyable escalade aux chef d’œuvres une chute allait forcément se produire. La question que je pose est donc de situer leur sommet total, gravitant au dessus de tout les autres, la pointe extrême de l'Everest qu'ils ont bâtis avant de glisser sur leur propre pente...Pour moi il s'agit de Wall-E, un prodige de science fiction qui marque au fer rouge notre société, s'inscrivant ainsi dans une certaine actualité, tout en faisant preuve d'une intemporalité indéniable. Andrew Stanton était évidemment très ambitieux avec ce projet. Tout d'abord la perfection formelle saute aux yeux, les animations sont d'une fluidité somptueuse et l’anthropomorphisme, au cœur même de l'analyse portée par le film, est abordé avec subtilité. On constate avec aisance l'abondance de références cinématographiques, à commencer bien sûr par 2001 : L'Odyssé de l'espace, repris par morceau entier et adapté à la sensibilité de nos jours. Ce n'est pas un plagiat, mais une symbiose qu'entretient Wall-E avec 2001. Enfin il y a la parodie très osée des mœurs américaine, une caricature digne de Mars Attacks ! Qui peut être étendue à l'ensemble de l'humanité. Wall-E est follement divertissant tout en posant des questions de taille sur le progrès, le futur, la différence entre les habitant du vaisseau et nous...Les êtres humains, branchés à leurs ordinateurs, sont plus amorphes que des robots, tandis que deux androïdes, eux, vivent une histoire d'amour...Wall-E éclate donc au grand jour comme un comte, un comte moderne prenant racine dans un contexte futuriste, capable de nous arracher quelques larmes comme le ferait un classique de Disney. Les comtes se déroulant dans un univers de SF sont souvent reniés comme tel, ce qui est dommage car les rares réussites sont des perles inestimables (A.I. Intelligence artificielle). La musique de Wall-E se divise en partitions crées pour le film, sublimes, et en choix de thèmes cultes qui accompagnent certains retournements de situations. Il y a surtout Hello, Dolly ! Comédie musicale américaine dont on se rappellera l'air longtemps après Wall-E. Bon, inutile de s'attarder en vaines considérations devant ce summum du 7ème art d'animation, Wall-E comprend une tonne d'éléments philosophiques, psychologique, artistique, humoristique, esthétiques, poétique et prophétique. C'est déjà un classique, peut-être le 2001 du 21ème siècle, allez savoir ?