Film fantastique à gros budget que Wolfman, réalisé par un de ces réalisateurs spécialisés dans le divertissement haut de gamme sans prétention mais souvent pertinent, à savoir Joe Johnston. Le résultat est direct et prenant.
Le casting est brillant, c’est certain, avec en tête d’affiche principal Benicio Del Toro qui se glisse avec une franche réussite dans la peau de ce malheureux Lawrence Talbot. Il est étonnant, à la fois très sobre et très juste, j’ai beaucoup apprécié son jeu qui ne cherche nullement à en faire trop, et qui rend bien compte en peu de choses des tourments de son personnage. Anthony Hopkins pour sa part est égal à lui-même. Il se loupe rarement dans ses interprétations, et si ici il ne force pas réellement son talent, il était un choix judicieux. Dans les seconds rôles celui qui retient vraiment l’attention c’est Hugo Weaving, redoutable d’efficacité dans la peau de l’enquêteur. Emily Blunt fait un peu de la figuration, mais enfin, il fallait bien une présence féminine de charme !
Le scénario reprend les codes du film de loup-garou sans surprise particulière. Balle en argent, transformations, meurtres, dilemme, bref, tout y est et tout a à peu près été vu. Mais Wolfman joue la carte de l’efficacité avec son gros budget, son gros casting, et la recette fonctionne parfaitement. C’est nerveux, ça va à l’essentiel, ça ne se veut ni tendre ni consensuel, Wolfman ramène le mythe dans une tonalité dure, sombre qui ne s’était plus tellement vu au cinéma depuis longtemps. C’est donc très appréciable, et Johnston conscient de ne pas marcher sur des terrains très originaux privilégie la fluidité de l’ensemble, et la dimension fun et percutante pour convaincre. C’était le mieux à faire.
Sur la forme on ne peut pas nier que Wolfman propose avant tout une très belle ambiance gothique et sombre. Le travail sur les couleurs est très réussi, les décors sont vraiment très beaux (surtout ceux à la campagne, la ville en image de synthèse n’est pas toujours impec) et les effets spéciaux pour certaines créatures sont tout à fait au point. Visuellement ce qui retient l’attention aussi avec Wolfman c’est sa dimension sanglante. C’est rare dans un film aussi coûteux d’être aussi sanglant, mais clairement Wolfman n’est pas conseillé aux âmes sensibles, car il y a certaines séquences bien pimentées qui en revanche devraient ravir les amateurs du genre. A noter le choix de rester dans la sobriété pour les créatures. Elles sont peut-être un peu décevantes quand même, en-dessous par exemple de ce que l’on avait pu voir dans quelques références du genre à l’instar du premier Hurlements. Je peux comprendre que le film est préféré éviter la surenchère, pour donner une dimension plus réaliste, mais des créatures plus incisives niveau look n’aurait pas été de refus. La mise en scène est signée Johnston donc, lequel est avant tout un faiseur mais un faiseur habile, et son film bénéficie de son savoir-faire dans l’action et dans les scènes chocs. C’est toutefois parfois pas très imaginatif, et trop rapide, trop soudain. A force de vouloir faire percutant Johnston en vient à faire des scènes d’action parfois d’une extrême soudaineté ce qui est un poil frustrant pour apprécier pleinement. La bande son est très soignée, à l’instar du travail formel.
En clair Wolfman est un bon petit film fantastique à la franche dimension horrifique. C’est du pur divertissement sans ambition grandiose, mais qui avait tous les ingrédients pour réussir en terme de spectacle fun et happant, et on est servi généreusement. 4.