Si L'Effet Papillon est rétrospectivement comparable à Donnie Darko pour des points déjà évoqués dans une précédente critique, Donnie Darko trouve donc son équivalent avec cette suite sans grand rapport avec le film d'origine, si ce n'est la continuité d'une saga désormais naissante, et la reprise des codes instaurés par l'oeuvre avec Kutcher, quand on ne décide pas d'y faire des références pour rendre cette première suite canon à la continuité du Butterfly Effect (laquelle, me demanderez-vous?).
Avouons tout de même qu'en tant que suite inutile, on trouve difficilement plus pertinent : même S. Darko est battu, lui qui, malgré tous ses défauts et la bêtise de ses thématiques, tentait au moins de faire passer la pilule en basant son intrigue sur la soeur de Donnie Darko, histoire de donner une "vraie" suite à l'oeuvre originelle. The Butterfly Effect 2 ne s'handicape pas de trop réfléchir dessus, et décide directement de nous sortir une suite/remake à la drôle d'allure.
Parce qu'on se rendra compte dès sa scène d'introduction, présentation des personnages et venue de l'élément déclencheur de l'intrigue, que cette ineptie aura décidé de plus épouser le ton et la narration d'un Destination Finale que film auquel elle fait suite. Boucle bouclée puisque les deux réalisateurs/scénaristes de l'oeuvre de base se seront aussi chargés de l'écriture du second volet de la saga qui combat la mort.
Par manque d'imagination et de talent, John R. Leonetti (il est tout de même à l'origine de Mortal Kombat : Destruction Finale et Annabelle) décide donc d'abandonner le ton glauque de la saga pour le remplacer les inévitables enquêtes à compte à rebours de Destination Finale, avec en prime la manière de filmer les morts au ralenti, devenant dès lors encore plus clipesque que son ainé.
C'est une certitude, le film est mal filmé; c'est visuellement complètement raté, stéréotypé à mort, et la photographie se retrouve simplifiée à son filtre d'image banal rendant le visionnage fade et dénué de véritables émotions. L'écriture rattrape-t-elle le reste, à partir de là? On aimerait le croire, mais il est évident que L'Effet papillon 2 souffre du même mal qu'un S. Darko ou n'importe quelle mauvaise suite faîte pour les mauvaises raisons : face à l'impossibilité d'offrir un scénario inédit ou un minimum intéressant, s'est produit ce qui devait arriver : le repompage des éléments clés du premier film, l'angoisse et la tension en moins (qui étaient gérés de main de maître).
Ce ne serait pas si grave si on le prenait pour un simple divertissement, mais même la volonté de lui laisser sa chance est gâchée par la bêtise des dialogues, des situations et le manque d'expressions de ses acteurs; il y aura une vague tentative de reprendre l'idée de héros maudit sans qui tout va beaucoup mieux, élément qui conduira d'ailleurs à la même intention d'éviter à tout prix le happy-end.
C'est contourné avec malice et fourberie, et ce qui s'annonçait comme un film dramatique se boucle quand même sur une sorte de happy-end mielleux et affreusement cliché, aussi peu trépidant qu'original. On notera aussi que le film aura maintenu l'aspect caricatural de l'original, poussant le bouchon tellement loin que notre protagoniste ne voyagera plus dans le temps par bonté d'âme ou volonté d'améliorer la vie de ses proches, mais par un égoïsme avoué conduisant le scénario à n'exister que pour ses caprices, ses peines d'amour et les bêtises qu'il a faîtes en tant qu'escroc notoire.
Comment s'attacher à un anti-héros caricatural et mal joué par l'acteur? Je me le demande encore, puisque je suis parvenu à m'attacher à ce couple mielleux au possible, qui ne présente pourtant rien de bien trépidant mais que le côté involontairement caricatural de cette parfaite romance américaine ne pourra que rendre irrésistibles. Un mauvais film tout de même divertissant qui cherche néanmoins à proposer des idées de scénario, et continue de toujours inventer de nouvelles dimensions aux destins divers. Si l'on aime le premier, nul doute qu'on pourrait ne pas complètement détester cette suite. Il y a largement pire dans le genre.