Dans l'odyssée cinématographique qu'est Porco Rosso, Hayao Miyazaki nous plonge au cœur d'une ère teintée d'histoire et de fantaisie, où le ciel devient la toile de fond d'une aventure à la fois épique et intimiste. Le récit, se déroulant dans l'Italie pittoresque de l'entre-deux-guerres, déploie ses ailes entre réalité et imaginaire, explorant les tribulations d'un pilote transformé en cochon, Marco Pagot, alias Porco Rosso. Ce dernier, en dépit de son apparence porcine, incarne une humanité profonde, marquée par la désillusion et le cynisme post-conflit, tout en gardant une lueur d'héroïsme et d'honneur.
Miyazaki, maestro de l'animation, conjugue avec brio l'humour et la gravité, tissant une trame où la légèreté des péripéties aériennes contraste avec le poids des remords et des souvenirs. L'animation, fluide et détaillée, capture avec justesse la majesté des paysages méditerranéens et l'effervescence des duels aériens, rendant hommage à l'ère des hydravions avec une fidélité et une passion indéniables.
La bande-son, composée par Joe Hisaishi, enveloppe le film d'une atmosphère envoûtante, où des mélodies nostalgiques et entraînantes se marient harmonieusement aux envolées lyriques de l'aventure. Le choix des chansons, comme "Le Temps des cerises", ne fait qu'amplifier la dimension émotionnelle de l'œuvre, en résonance avec le contexte historique et les thèmes abordés.
Les personnages secondaires, de la vaillante Fio à la mélancolique Gina, enrichissent la trame narrative de leurs propres quêtes et aspirations, offrant une palette de perspectives et d'émotions qui se mêlent à celle de Porco, créant ainsi un tissu relationnel riche et nuancé. Leurs interactions avec le protagoniste, teintées de camaraderie, de rivalité et de non-dits, apportent une profondeur relationnelle et thématique au film.
Cependant, malgré ces qualités indéniables, Porco Rosso n'est pas exempt de quelques turbulences. L'équilibre entre le fantastique et la réalité historique, bien que généralement maîtrisé, frôle par moments la confusion, laissant le spectateur dans une légère incertitude quant à l'interprétation de certains événements et symboliques. De même, la résolution de l'intrigue, bien que satisfaisante, aurait gagné à être davantage approfondie, offrant une clôture plus étoffée aux arcs narratifs des protagonistes.
En définitive, Porco Rosso se dresse comme une œuvre d'une beauté et d'une profondeur remarquables, où le rêve et la réalité s'entremêlent dans un ballet aérien éblouissant. Miyazaki nous livre ici un conte de résilience, d'amour et d'amitié, ancré dans une époque révolue mais dont les échos résonnent avec une étonnante modernité. Un film qui, malgré quelques légères turbulences, vole haut et atteint avec grâce son altitude de croisière, nous offrant un voyage inoubliable dans les cieux de l'imaginaire.