Avec son sixième film (et premier des studio Ghibli à sortir en France) « Porco Rosso », le maitre de l’animation nous emmène dans l’entre-deux-guerres en Italie suivre un pilote d’hydravion solitaire avec une tête de cochon aidant les personnes en difficultés mais qui va peu à peu se retrouver confronté à des pirates.
Miyazaki place « Porco Rosso » dans un contexte bien plus réaliste que la majorité des films qu’il a fait avant (ou même après, excepté son récent testament « Le Vent se Lève ») où seul la « malédiction » du héros est fantastique (malédiction qui n’est pas vraiment un élément exploité par Miyazaki). Situant son film entre les deux guerres en Italie où le contexte politique, économique et sociale était difficile, il aborde tout en subtilité et souvent en fond plusieurs thèmes qu’il est rare de trouver dans les animés tels que la guerre (qu’il a déjà abordé par le passé et qu’il abordera à nouveau par la suite) et ses absurdités (à l’image du combat final), le fascisme (le terme « Porco Rosso », signifiant « Porc Rouge », était une insulte visant les opposants au régime de Mussolini à l’époque (et plus précisément les communistes)) ou encore la place des femmes dans cette société ainsi que quelques références bien faites comme cet américain voulant devenir acteur puis président.
Mais c’est aussi un hommage à l’aviation et son histoire, ici en combinant l’air et l’eau, symbolisé par plusieurs scènes marquantes où les avions sont au contact de l’eau.
En dehors des références, hommages ou thèmes abordés, Miyazaki nous raconte surtout une histoire passionnante et attachante, comme l’est la galerie de personnages qu’il met en scène. A commencer par cet aviateur et chasseur de prime solitaire, anciennement dans l’armée de l’air italienne, vivant en fonction de ses propres lois, assez classe et sûr de lui et la gamine qu’il rencontrera lorsqu’il devra réparer son avion, conceptrice, elle est passionnée par son boulot puis par Porco. Il rend tous ses choix, auxquels on peut facilement s’identifier, intéressant où il doit choisir entre l’amour, sa passion, sa vie, ses embêtements… Captivant tout le long, il donne aussi une dimension mélancolique, poétique et puissante à son film, rempli d’émotions mais sans manquer d’humour, bien au contraire.
Les dessins sont de toutes beautés, tout comme certaines scènes comme les raids aériens ou de simples paysages que Miyazaki sublime. Les musiques sont, une fois de plus, judicieusement choisis.
Personnellement, une fois de plus comblé par l’univers de Miyazaki, ici plus « adultes » mais toujours tout en finesse avec une histoire attachante et des personnages qui le sont tout autant.