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traversay1
3 645 abonnés
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4,0
Publiée le 21 juillet 2024
Il y a deux sortes d'intouchables en Inde : ceux que personne ne veut toucher, car de trop basse extraction, et ceux qu'il est impossible d'atteindre, formant une "élite." Sous couvert de polar, Santosh réussit le prodige de nous immerger dans l'Inde profonde d'aujourd'hui, malade de son système des castes, de sa haine des musulmans et de son mépris des femmes. Autant de sujets, autour d'une violence endémique, dignes d'un documentaire, mais jamais exposés de manière didactique mais au contraire parfaitement intégrés dans une narration fluide, enrobée dans une mise en scène élégante et percutante, à l'occasion. C'est une vision de l'Inde moderne, féminine et lucide, qui rejoint le grand cinéma d'auteur indien, celui de Satyajit Ray, dans une version actuelle certainement moins apaisée car farouchement proche de la réalité. Si l'on ne peut qu'admirer l'authenticité du tableau ainsi brossé, il ne faut pas omettre pour autant la maîtrise des éléments de fiction et de suspense par la réalisatrice, Sandhya Suri,, et la subtilité de ses portraits de femmes policières, à savoir Santosh et sa mentor, deux faces d'une même pièce, quant aux compromis et compromissions qu'elles sont chacune à même d'accepter, ou non. Dans un style très différent mais avec des thématiques proches, Santosh aurait pu figurer dans la compétition officielle cannoise au côté de All we imagine as Light. Et l'impressionnante Shahana Goswami aurait ainsi eu l'opportunité de postuler pour le titre de meilleure interprète féminine, avec les meilleures chances de l'emporter.
Film extrêmement riche, Santosh nous plonge au coeur de la société indienne, et des mécanismes de domination qui la composent. Entre hommes et femmes, entre hindous et musulmans, entre castes ou même entre niveaux hiérarchiques, tous les rapports humains sont motivés par ce rapport dominant/dominé, source de tension et de drames. L'histoire semble presque secondaire tant le film se veut didactique et théorique. Heureusement, il nous emporte grâce à une formidable mise en scène, jouant sur les cadres, les mouvements de caméras et les lumières pour souligner chaque intention. Le casting est également impeccable, notamment le duo d'actrices bouleversantes.
Excellent film, tout en nuances de gris, sur à la fois la condition féminine, la condition de policière, la condition des intouchables. A voir absolument
Présenté dans la sélection Un Certain Regard de Cannes 2024, "Santosh" est le premier long métrage de fiction de la britanno-indienne Sandhya Suri. Comme c’est souvent le cas pour les réalisatrices et réalisateurs venant du documentaire, c’est le sujet choisi qui a « forcé » Sandhya Suri à passer du docu à la fiction. En effet, pour elle, « il était impossible de faire un documentaire sur la police indienne ». Peut-être faut il rajouter « honnête » à « documentaire », car il est certainement possible de faire un documentaire sur la police indienne si on s’abstient d’évoquer le sexisme, la violence et la corruption ! Si le but premier de Sandhya Suri était de parler de la violence faite aux femmes en Inde, c’est en partant de « l’affaire Nirbhaya », ce viol collectif, commis en 2012, d’une jeune femme dans un bus à Dehli, qu’elle a trouvé le moyen de raconter l’histoire qu’elle avait en tête : cette affaire avait engendré des manifestations de femmes dans le pays, des manifestations bien évidemment réprimées par la police. Une des photos prises durant ces manifestations avait particulièrement marqué Sandhya Suri, une photo qui montrait une seule femme parmi les policiers chargés du maintien de l’ordre. Que pouvait elle avoir en commun avec ces autres femmes, avec ces manifestantes ? Ayant découvert l’existence du programme gouvernemental de « recrutement compassionnel » qui permet à la veuve d’un fonctionnaire d’hériter du poste que son mari occupait, elle a fait de Santosh, son personnage principal, une jeune veuve de 28 ans originaire d’une région rurale du nord de l’Inde et qui hérite du poste de policier à la suite du décès de son mari, mort en service lors d’une manifestation. Très vite, Sandosh se retrouve à travailler auprès de Sharma, une policière expérimentée au comportement ambigu : très dure avec les suspects qu’elle n’hésite pas à brutaliser, elle se montre très bienveillante avec Santosh chez qui elle se retrouve telle qu’elle était dans ses débuts dans la police. Suite de la critique sur https://www.critique-film.fr/critique-express-santosh/
"Santosh" assez bien noté par la critique, en compétition cette année au festival de Cannes (section un Certain Regard) est un thriller dramatique indien avec des qualités. En effet la réalisatrice indienne Sandhya Suri livre aux spectateurs une histoire féministe avant tout qui nous dresse un portrait de l'Inde peu glorieuse ou règne la corruption, le système des castes injustes, la diabolisation des musulmans, la patriciat et une société rongée par les féminicides avec certaines séquences difficiles à regarder.
Enfin un film Indien de vrai-je dire ,avant il y avait un festival sur Paris qui a mystérieusement disparu ,comme d'autres d'ailleurs ,du coup je me suis précipitée et n'ai pas boudé mon plaisir . les 2h08 sont passèes très vite
Cette jeune femme se bat contre des montagnes si je puis dire dans une Inde pauvre où règne misère corruption et violence,je ne savais même pas que des femmes étaient policières d'ailleurs ,voilà un film original si je puis dire et bien interprété ,mais pourquoi cette sombre histoire de caste perdure depuis des décènies sans que rien ne bouge
Film choc sur les méthodes des pratiques policières en Inde. A cela se mêlent la violence, les discriminations en tout genre et la corruption. Les 2 personnages féminins sont formidables et savent se remettre en cause dans leur choix de vie pro et perso
On est d'emblée un peu perplexe face au système du "recrutement compassionnel", où comment une épouse au foyer devenue veuve se retrouve policière un peu à l'insu de son plein gré mais qui y voit là une façon d'être émancipée et indépendante vis à vis de sa famille. Vierge de tout préjugé elle découvre les méthodes plus ou moins viciées de l'institution et de ses collègues dans une société de castes ; en effet il y a deux sortes d'intouchables, "ceux qu'on ne veut pas toucher, et ceux qui ne veulent pas être toucher" et on découvre que dans tous ça il y a une autre caste pourtant omniprésente : les femmes. Mais si Santosh s'investit, si elle reste comme un témoin actif des faits plus ou moins moraux des policiers-ères ou des hommes en général elle n'est pas le personnage le plus intéressant, car c'est bien sa supérieure Sharma qui donne de l'épaisseur à l'intrigue, qui donne du poids au propos. Santosh tente surtout d'apprendre, alors qu'on apprend que Sharma est là depuis trois décennies et on imagine alors tout le combat et les difficultés qu'elle a dû endurer pour survivre dans une société aussi patriarcale. Un très bon film à voir et à conseiller. Site : Selenie.fr
Film excellemment écrit, interprété, filmé, monté. Chaque étape de fabrication réussie, au service d'un film sur puissant. A ne rater sous aucun prétexte. A aller voir sans rien en savoir, donc je ne vs en dirai rien, sauf "courrez-y"
Ce type de scénario avec fil conducteur social est l’occasion d’une immersion dans la société indienne au travers du prisme de sa police, de la place des femmes, du sexisme, de l’ostracisme religieux, des castes, enfin tout ce qu’il y a de moins reluisant dans un pays pourtant réputé tracer son chemin vers la modernité avec des valeurs démocratiques. Il y a aura un fonds d’enquête policière après la découverte du corps d’une jeune fille dans un puits. Face à l’inertie de première intention de la police locale, les autorités finissent par exiger une enquête pour répondre aux protestations de la population villageoise délaissée. C’est l’aspect thriller mais il n’est que secondaire, servant de prétexte au déroulé du scénario pour aller vers des choses peu avouables.
Le coté intéressant est la découverte de la société indienne et de sa police , pas reluisant. Par contre ce n'est pas vraiment un thriller et le caractère des personnage n'est pas très bien défini et l'on ne sait quoi penser a la sortie du film.
Remarquablement interprété par Shahana Goswami et Sunita Rajwar, Santosh brosse un très beau portrait de femmes contraintes de se faire une place dans un milieu d’hommes en sacrifiant intégrité et morale sur l’autel de la réussite sociale. La réalisatrice veille à redoubler la caractérisation de notre personnage principal par celle d’une autre femme, sa supérieure hiérarchique nommée Sharma, sorte de Janus dont les deux visages antagonistes articulent revendications progressistes et acceptation de la corruption ambiante et des inégalités sociales qui les creusent. Sa mise en scène commence et s’achève de la même façon, soit par une posture de témoin qui ne capte le corps de Santosh que par le prisme d’obstacles (grille métallique du domicile familial, encadrement de la portière d’un véhicule, espace séparant les wagons d’un train long) de sorte à insister sur sa liberté profonde : celle-ci ne cesse d’échapper aux cadres qui tentent de l’enfermer, de se soustraire à ce destin défavorable en s’appuyant sur des individualités sans s’y inféoder. Les quelques cadeaux et bijoux ressemblent à des pots-de-vin, c’est pourquoi la jeune gardienne de la paix les restitue avant départ en ce que les restituer rend possible ce départ vers un ailleurs incertain. La boucle narrative – le long métrage représente une initiation professionnelle qui n’aboutit pas en tant que telle – permet néanmoins l’accomplissement d’un deuil, et la traque d’un coupable présumé mute en vengeance intime par Musulman interposé, occasionnant un déferlement de violence qui la dénature. En somme, le spectacle de la corruption devient synonyme de redéfinition d’un être sinon égaré ; la « loi de la compassion » s’applique paradoxalement en statut de hors-la-loi et d’apprentissage de la dureté voire de l’insensibilité. Au-delà d’un thriller réussi, Santosh propose à son spectateur une immersion précieuse dans les arcades de la société et de la justice indiennes, faisceau d’intérêts divergents et de rivalités économiques, religieuses, sexuelles et genrées.
Le récit apporte une vision intéressante des complexités de la société Indienne. Mais je n'ai apprécié ni le rythme lent qui a généré beaucoup d'ennui chez moi, ni l’ambiguïté d'un des principaux personnages, ni l'enquête policière cousue de fil blanc. Une déception.
Le film est très riche, il montre beaucoup de choses sur le fonctionnement de la société indienne, de la police, de la place des femmes, les castes, etc. Mais j’ai trouvé le rythme si lent et les personnages, si peu attachants, que je ne peux lui mettre une meilleure note.