Un feu d'artifice sur fond de décor oriental ! C'est " Aladdin ", le dernier dessin animé arrivé de chez Disney. Cette fois, pas d'alibi pseudo-poétique pour réunir les familles, au moment des fêtes de fin d'année. Inspiré du fameux récit de Shéhérazade, " Aladdin " est un cartoon endiablé, mâtiné de comédie musicale, sans temps morts et hilarant. Un régal ! D'accord : les auteurs ont amplement puisé dans les archives de la maison. C'est fou les ressemblances graphiques entre " Aladdin " et d'autres succès signés Disney. Jaffar, le vizir félon, par exemple, a la même silhouette que la sorcière de " La Belle au Bois dormant ". Son sceptre, lui, évoque le serpent hypnotiseur du Livre de la jungle. Quand Aladdin est transformé en prince par le Génie sorti de la lampe, on pense à la marraine étourdie de Cendrillon, habillant sa filleule pour le bal. Et quand le vizir grandit, jusqu'à devenir une puissance maléfique, on revoit, trait pour trait, le démon d' " Une nuit sur le mont chauve ", dans " Fantasia ". Parfois même, les scénaristes n'ont pas hésité à « copier sur le voisin » : Aladdin, dans la caverne aux merveilles, ressemble à Harrison Ford qui avance parmi les pièges d'Indiana Jones et le temple maudit. Et quand le Génie, transformé en abeille, souffle son texte au jeune héros qui courtise la princesse Jasmine, c'est un hommage au cinéma (et au théâtre !) français : on pense aussitôt à Cyrano, venant en aide à Christian, sous le balcon de Roxane... Dernière référence (et avouée, celle-là !) : Tex Avery. C'est l'ombre qui plane le plus sur Aladdin. Depuis quelques années, les troupes de chez Disney ont rajeuni. Une nouvelle génération d'animateurs, nourris aux gags délirants des loups lubriques du grand Tex, est arrivée. Avec " Aladdin ", ils semblent avoir voulu réaliser le cartoon le plus loufoque de la décennie. Un exemple : le Génie. C'est lui, la vraie star du film. Chaque fois qu'il jaillit de la lampe magique, tel un magicien halluciné au corps en caoutchouc, il déchaîne des tempêtes de rires. Les auteurs ont eu l'idée de lui faire parodier une foule de personnages. Il tire une langue démesurée, qui devient grand escalier de music-hall ; il se dédouble, devient meneur de revue, hôtesse de l'air, tailleur, maître d'hôtel, présentateur de jeux télé... Le plus souvent, il a les traits de Robin Williams. Mais, en une fraction de seconde, il se fait le visage de Groucho Marx, d'Arnold Schwarzenegger, de Jack Nicholson... La deuxième star d'Aladdin, c'est le tapis magique. Il est muet, mais ses mimiques expressives, quasiment humaines, deviennent autant d'irrésistibles gags visuels. Le mélange est détonant, le rythme, étourdissant. Devant cette virtuosité, le spectateur sort étourdi, mais ravi.