Seize années après le Parrain II, Francis Ford Coppola retrouve Mario Puzo pour conclure la saga de la famille Corleone et le destin de Michael, après que ce dernier ait éliminé ses ennemis et assouvit sa soif de pouvoir et vengeance dans le second opus.
Coppola signe une oeuvre dans la lignée des deux précédents films, tant dans la dimension que dans les codes où cette fois-ci, Michael voit le temps passer et souhaite tirer un trait sur le crime organisé en se rapprochant de l'église et de diverses entreprises, tandis que son neveu commence à monter en grade. Il met en scène un Michael assagi, souhaitant échapper à son destin et se rendant compte de ses erreurs passés pour mieux essayer de se rapprocher de ses proches, les laissant choisir leur destiné. Pourtant, Coppola montre que le milieu est toujours impitoyable, que l'on est facilement rattrapé par son passé et que le pouvoir attire toujours autant de convoitise.
Mario Puzo signe un scénario passionnant, permettant de nous immerger dans les coulisses du pouvoir et de naviguer entre trahison, religion, politique, culpabilité, violence, haute finance ou encore alliance occulte. C'est toujours le portrait d'une Amérique corrompue mais aussi de l'humain, où le pouvoir et la richesse pourront toujours corrompre les plus purs des hommes. Coppola tisse les liens entre les personnages et met en scène leur évolution avec brio, prenant son temps pour bien aborder les coulisses du pouvoir et de rendre tout cela passionnant, trouvant toujours le bon équilibre entre les diverses thématiques et personnages. Tout est toujours d'une justesse incroyable, que ce soit les dialogues ou les situations dramatiques, que Coppola dose à merveille.
Derrière la caméra il se montre toujours brillant, sachant nous immerger au coeur du récit et de bien mettre en valeur les personnages et enjeux. Formellement et techniquement irréprochable, il trouve toujours le ton juste, le cadre parfait et finalement, une dimension tragique et fascinante se dégage de son oeuvre, avec aussi un soupçon de mélancolie. Il exploite à merveille le contexte et cadre du récit, notamment lors de toute la partie à Venise jusqu'à un final à l'opéra sanglant, fantastique et faisant froid dans le dos, renvoyant aux deux opus précédents. Pour la dernière fois, Al Pacino endosse merveilleusement le costume de Michael Corleone, tandis qu'Andy Garcia est parfait comme relève, rappelant directement James Caan, tout comme l'ensemble du casting et notamment Diane Keaton.
Francis Ford Coppola clôt avec brio l'une des plus puissantes sagas qu'il m'ait été donné de voir, mettant en avant un Michael Corleone tentant d'échapper à son destin, toujours avec une dimension, force et justesse incroyable.