Le dernier opus considéré injustement comme le moins bon alors qu'il est selon moi à la hauteur des trois autres, avec les mêmes ingrédients qui font que cette saga est l'une des plus grandes de tout les temps. La scène d'ouverture est une nouvelle fois très poétique et virtuose, avec encore plus de plans symboliques, de beauté dans les paysages et décors filmés, de tendresse dans les mouvements de caméra et de nostalgie dans la voix-off déchirante de Michael Corleone, patriarche de cette empire familiale qui semble toucher à sa fin. Coppola le dit lui-même, ce troisième opus est l'épilogue de la saga, et jamais la photographie de Gordon Willis n'a été aussi empreinte de clair-obscur, immortalisant chaque plan tel un tableau, captant pour l'éternité ce dernier opus qui joue encore plus la carte de la tragédie, et qui offre 15minutes de final doté d'une mise en scène de Coppola qui n'a jamais été aussi jouissive et excitante de tant de suspens, avec son habituel montage alterné qu'il fait ici davantage durait, pour une ultime scène tout à fait déchirante sous fond d'opéra, qui conclue et même résume en dernière toile de fond ce qu'est le Parrain, un opéra bouleversant filmé avec la délicatesse d'un Visconti, la maîtrise du suspens d'un Hitckcock, la lenteur et la nostalgie dans le regard d'un Sergio Leone, et le goût pour la composition de l'image, empreinte d'un certain lyrisme, d'un John Ford, c'est tout cela qui est réunit dans le génie Coppola. Nous ne boudons pas non plus notre plaisir de revoir à l'écran l'intrépide Elli Wallach en mafioso pourrit jusqu'aux os, et l'excellente confrontation d'une nouvelle génération (Andy Garcia en tête) qui tient tête de manière impressionnante à l'ancienne (Al Pacino, Diane Keaton, Talia Shire). Le film se termine comme un rideau qui se ferme, avec la musique frissonnante de Nino Rota qui continue de résonner longtemps dans nos têtes une fois la fin annoncé et l'arrivée du générique, qui succède forcément à la petite larmette suite à la tristesse d'avoir assisté à la fin d'un monde qui nous a fasciné et qui continuera à le faire toute notre vie. Un dernier volet à la hauteur des attentes donc, et qui prend même davantage son temps pour raconter cette chute tel la fin d'une dynastie royale, une lenteur entrepris d'une main de maître par un Coppola encore plus serein et encore plus fort, qui parvient à installer dans chaques scènes une sorte de calme dans la tempête.