Monument cinématographique intemporel, Lawrence d’Arabie de David Lean est peut-être le plus grand film de tous les temps. Si certains ne sont pas convaincus, on peut par contre dire qu’il s’agit du plus grand film d’aventure du Septième Art. Etant un de mes films préférés, j’ai pu revoir Lawrence d’Arabie sur une copie Blu-ray juste sublime, restauré en 2012 pour célébrer son cinquantième anniversaire. Le film apparaît alors plus grandiose et épique que jamais. En 1916, le jeune officier britannique T.E. Lawrence est chargé d’enquêter sur les révoltes arabes contre l’occupant turc. Celui qu’on appellera plus tard « Lawrence d’Arabie » se range alors du côté des insurgés et, dans les dunes éternelles du désert, organise une guérilla contre l’armée turc. Personnage brillant mais controversé, il va mener de nombreuses batailles aux côtés de ses alliés et changer la face d’un empire en tentant de fonder une nation arabe indépendante et moderne. Sorti en 1962, Lawrence d’Arabie est depuis cette lointaine année l’un des plus beaux films d’aventure jamais mis en scène. Et comme je le disais, il est peut-être le plus grand film du Septième Art. Et oui cher lecteur, Lawrence d’Arabie mériterait d’être devant des chefs-d’œuvre comme Le Parrain, Citizen Kane, Apocalypse Now, Casablanca ou encore Autant en emporte le Vent, qui eux aussi mériterait d’être devant lui bien évidemment. Mais personnellement, je trouve que ce film possède toutes les qualités pour être le meilleur. Par ailleurs, il faut savoir que Lawrence d’Arabie se classe à la septième place dans le AFI’s 100 Years… 100 Movies établit par l’American Film Institute en 2007, la dernière mise a jour récente de ce Top 100 qui ne regroupe que des films américains, ou britanniques mais seulement s’ils sont produits par des sociétés de production américaines comme c’est le cas pour Lawrence d’Arabie et quelques autres films de légendes présents dans ce Top 100. Œuvre immortelle du cinéma, Lawrence d’Arabie est un film mythique lauréat de sept Oscars : Meilleur film, Meilleur réalisateur pour le grand David Lean, Meilleure direction artistique, Meilleure photographie, Meilleur montage, Meilleure musique pour Maurice Jarre et Meilleur son. De plus, il est repartit avec cinq Golden Globes : Meilleur film dramatique, Meilleur réalisateur pour David Lean, Meilleur acteur dans un second rôle pour Omar Sharif, Meilleur espoir pour Omar Sharif et Meilleure photographie. Le film a remporté bien d’autres récompenses, comme lors des BAFTA, les récompenses britanniques, où il rafla les plus prestigieuses statuettes, les box-office ont explosé, aux Etats-Unis il rapporta plus de 44 millions de dollars pour un budget de quinze millions de dollars et en France le film rassembla plus de cinq millions de spectateurs, venus admirer cette œuvre qui est aujourd’hui encore adorée par les cinéphiles. Bref, on pourrait continuer longtemps sur la reconnaissance et le succès de Lawrence d’Arabie, mais attardons nous un peu plus sur le film en lui-même. Réalisé pendant plus d’une année, entre mai 1961 et octobre 1962, Lawrence d’Arabie est le chef-d’œuvre de son auteur, David Lean. Le réalisateur britannique avait déjà signé un autre film inoubliable, Le Pont de la Rivière Kwaï en 1957, mais Lawrence d’Arabie est son œuvre la plus mémorable et elle constitue l’apothéose de sa carrière. Mis en scène comme un grand film d’aventure, Lawrence d’Arabie va encore plus loin et atteint des sommets dans la mise en scène de l’épopée. C’est un film à la fois grandiose, épique, puissant et beau. La réalisation fait quasiment tout, avec le scénario bien sûr qui raconte l’histoire vraie de cet homme incroyable, T.E. Lawrence, qui durant la Première Guerre mondiale tenta d’unifier les tributs arabes. L’histoire est passionnante, très fidèle à la vie du personnage historique même si le film n’aborde pas l’homosexualité du héros. Et si l’histoire est autant fascinante c’est bien grâce à la mise en scène envoutante de David Lean qui nous emporte dans cette grande épopée humaine et spectaculaire. Long de 3h43, le film n’est jamais lent ou ennuyeux car nous sommes transportés dans cette superbe histoire notamment grâce aux plans de paysages magnifiques. On a envie de pleurer tant c’est beau, le désert, ses dunes, les plans sur un soleil pesant, les longues chevauchées sur dromadaires, les longues traversées d’un désert brûlant et interminable, les somptueux panoramas des montagnes rocailleuses et des étendues désertiques… David Lean filme le désert dans toute sa splendeur, jamais personne n’avait fait ça et n’a réussit a égaler un tel niveau de mise en scène, il n’y a peut-être que Peter Jackson et ses trilogies du Seigneur des Anneaux et du Hobbit qui a réussit a retrouver ce ton si épique et beau. Lawrence d’Arabie est une œuvre unique, on n’en fait plus des comme ça de nos jours. Filmé entièrement en décors naturels, on y croit jusqu’au bout, et le tout est magnifié par la sublime et anthologique bande-originale de Maurice Jarre dont le thème principal vous reste en mémoire pour un bon bout de temps. De plus un film aussi ambitieux et titanesque que Lawrence d’Arabie doit s’accompagner de moments forts, dont une scène d’anthologie qui est dans la première demie heure du film où Lawrence prend une allumette et souffle dessus pour éteindre la flamme et nous passons sur un plan du désert avec le soleil levant, sublime et inoubliable. La scène de chevauchée pour prendre la ville d’Aqaba est épique tout comme les nombreuses attaques des trains turcs dans la deuxième partie du film, après avoir passé « l’Intermission ». On peut également évoquer le moment où Lawrence part chercher un homme perdu dans le désert où David Lean profite de ces scènes là pour nous montrer le vide et l’immense étendue du désert ainsi que sa chaleur accablante que supportent les personnages. Et comment passer à côté des plans du visage de Peter O’Toole avec ses yeux bleus ! Lawrence d’Arabie est le film de metteur en scène par excellence, jamais égalé en beauté et en grandeur. Et si le film est aussi mythique c’est bien grâce à son casting de stars, toutes excellentes dans leur personnage. A commencer par le jeune Peter O’Toole qui livrait avec le personnage de T.E. Lawrence sont rôle le plus inoubliable et le plus intense au cinéma. Décédé le 14 décembre 2013, quoi de mieux que de revoir ce film pour lui rendre un vibrant hommage où il livrait une prestation démentielle comme on le dirait aujourd’hui. Son personnage est à la fois héroïque, amoureux du désert, humilié physiquement et ayant peur de lui même pour ses excès de violence, O’Toole est plus que parfait en Lawrence d’Arabie, dont la ressemblance avec le vrai Thomas Edward Lawrence est frappante. Ensuite il y a les seconds rôles : Omar Sharif superbe dans le rôle Sherif Ali Ibn El Kharish, à l’époque révélé par ce rôle, il débutait sa carrière et retrouvera David Lean dans un autre de ses grands succès qu’est Le Docteur Jivago. Ensuite il y a Alec Guinness, l’acteur fétiche de David Lean puisqu’il ont tourné sept films ensemble dont Le Pont de la Rivière Kwaï et Le Docteur Jivago, il interprète ici le personnage du prince Feisal, dans lequel il est très charismatique. Et enfin il y a l’excellent Anthony Quinn dans le personnage de Auda Abu Tayi qui était en 1962 en pleine apogée de sa carrière. Lawrence d’Arabie de David Lean est donc un grand, très grand, chef-d’œuvre du Septième Art. Une œuvre inoubliable, une fresque épique et monumentale, magnifiquement mise en scène par un grand réalisateur, portée par de grands acteurs et sublimée par l’envoutante musique de Maurice Jarre. « Tous les hommes rêvent mais pas de la même façon. Ceux qui rêvent de nuit, dans les replis poussiéreux de leur esprit, s’éveillent le jour et découvrent que leur rêve n’était que vanité. Mais ceux qui rêvent de jour sont dangereux, car ils sont susceptibles, les yeux ouverts, de mettre en œuvre leur rêve afin de pouvoir les réaliser. C’est ce que je fis. » Thomas Edward Lawrence dit Lawrence d’Arabie (1888 - 1935).