Ah, Conan le barbare, film culte des années 80, avais-tu réellement besoin d'une suite après cette magnifique fin que tu nous avez offerte? Etait-il réellement pertinent et utile de mettre en chantier ce Conan le destructeur, suite illogique et bien moins belle que son prédécesseur, un film novateur, original et poétique? Et ce nouvel épisode n'est-il destructeur que pour le film d'origine, ou trouve-t-il ses repères dans l'héroïc fantasy? Après visionnage, le verdict tombe : eh bien, il ne se situe qu'entre ces deux questions, et ne semble être qu'un banal film féérique ni bon ni mauvais, entre l'utilité et la non utilité, et qui, sans être transcendant, se veut être principalement divertissant. Malheureusement, l'âme du barbare de 1981 n'est plus présente, et son côté sombre et adulte perd ici tout repère et est remplacé par la débilité du scénario et les abrutissants dialogues. La féérie est ici tellement prononcée qu'elle pousse le film à se jeter volontairement d'une falaise. Ce qui faisait la qualité du premier film, à savoir sa poésie et son côté sombre, est ici jeté aux oubliettes et les effets kitchs et ridicules remplacent les plans de caméra d'une étonnante beauté, alors que les punchlines de Schwarzie prennent la place des dialogues hautement intelligents entre Conan et Thulsa Doom ( James Earl Jones ). Bon, par contre, s'il y a bien une chose que cette suite à gardé de son prédécesseur, c'est la violence, et notamment le sang qui gicle à chaque coup d'épée ou de hache. Car oui, Conan, c'est avant tout la violence des combats, et non le merveilleux de bas étage, comme semblent l'avoir oublié, à de nombreuses reprises, le réalisateur et les scénaristes. Ah oui, tant que j'y suis! Des épées qui se rencontrent ne font jamais d'étincelles à l'impact... Mais bon, avec tous ses défauts, Conan le destructeur reste toujours meilleur que cet odieux remake de 2011, qui fait tout simplement honte au premier et au seul vrai Conan. Mais bon, ceci est une autre histoire, et je reviendrai sur cette bien décevante adaptation dans une autre critique, et en d'autres temps! Revenons en au film en question, voulez-vous! Les hurlements incessants de Grace Jones ne vous laisseront pas de marbre et vous lasseront dès les premières secondes : c'est tout simple, à chaque fois qu'elle fait quelque chose, elle crie, ce qui rend le film d'autant plus ridicule, et d'autant moins crédible. Et le fait d'avoir ajouté Mako au générique est tout à fait inutile. Le mage du premier long-métrage, celui qui contait l'histoire du cimmérien, ne vient rien apporter à cette suite alors que son personnage est tout simplement rabaissé à être un vulgaire second couteau sans intérêt ni personnalité, qui ne sait que proférer des incantations magiques inutiles et ridicules, incantations qui se révèlent avoir moins d'effets qu'un pétard mouillé. C'est surtout qu'aucun dialogue ou aucune scène ne vient remplir ce vide qu'est la personnalité du personnage, lui que l'on connaissait assez bien dans le film précédent. Pas une fois Conan ne lui dit mot, et Mako ne semble pas vouloir lui parler, comme s'ils les deux hommes ne se connaissaient pas. Cet élément me fait d'ailleurs penser que ce film est lui aussi un remake du premier épisode, bien que cette théorie puisse être fausse. Mais justement, cette impression de remake est quelque peu confirmée à la fin, car la résolution de cette oeuvre est absolument identique à celle du film de John Milius, avec la classe et le talent en moins. Réalisée par Richard Fleischer, cette séquence est fade et ne possède pas le dixième de l'intérêt de celle de Conan le barbare. Mais malgré tous ses défauts, ce nouvel opus des aventures du cimmérien me procure à chaque visionnage un certain plaisir non dissimulé et des séquences de fous rires intenses, à l'image de Schwarzie qui se bat en slip contre des combattants en armure. Mais bon, n'oubliez pas, c'est Schwarzie, et lui, des guerriers, il en mange au petit déj! Et ce plaisir coupable que ce Conan le destructeur ma fourni lui évite de se situer en dessous de la moyenne.