Le succès de Conan le Barbare appelait à une suite. Et pour cette suite, on n'engage ni plus ni moins que Richard Fleischer, cinéaste reconnu, fort de nombreuses grandes réussites tels que les Vikings, Vingt milles lieux sous les mers, Duel dans la Boue, Barabbas, Terreur aveugle. Sa carrière était à l'époque en plein essoufflement et on peut supposer qu'il espérait la relancer avec ce nouveau Conan, ce qui ne sera pas le cas, et l'échec de son film suivant, Kalidor, n'arrangera pas les choses. Ce qu'on remarque tout de suite, avec Conan le Destructeur, c'est la flagrante différence de ton par rapport à son prédécesseur. Exit le style brutal et barbare, le lyrisme et le souffle épique de Conan le Barbare. Conan le Destructeur convient davantage au public familial qu'aux fans du film de John Milius. Je comprends que cette édulcoration puisse faire enrager. Bien sûr, le film n'arrive nullement à la cheville du premier film qui reste un pur chef-d'oeuvre. Comme on est dans un film plus léger, normal qu'on y retrouve de l'humour, caractérisé majoritairement par le personnage de Malak. Celui-ci peut effectivement paraître agaçant surtout pour son côté boulet, mais je l'ai trouvé personnellement plus supportable que Jar Jar Binks. En fait, pour apprécier le film, il faut le voir avec un regard plus jeune, convenant avec sa tonalité plus familiale. Et il faut admettre qu'il possède des qualités : les costumes et décors sont réussis, la photographie soignée, la mise en scène adéquate quoique en dessous de celle de John Milius. Et niveau musique, Basil Poledouris, de retour, livre une partition de qualité. En tant que suite, bien sûr que c'est décevant, et l'idéal aurait été de faire une suite respectant l'esprit du premier film. Mais en tant que film d'Heroic Fantasy, ça divertit et ça se regarde avec un certain plaisir. Au pire on peut le considérer comme un nanar attachant, au mieux un sympathique et honnête divertissement familial.