J’entends presque certains dire "encore un film sur les chevaux", eh oui mais ce n’est pas un film sur les chevaux comme les autres. Ici est abordé un fait de guerre comme il y en a eu tant d’autres, tous plus surprenants les uns que les autres. Bien que "Cheval de guerre" n’ait pas eu le retentissement commercial qu’ont pu avoir "E.T. l’extra-terrestre", "Les dents de la mer", ou encore "Jurassic Park", ce film fait partie désormais des œuvres majeures que seul Steven Spielberg arrive à nous produire, et dont lui seul a le secret. Je dois admettre qu’il un sens inné pour trouver des sujets qui ne peuvent que toucher la plupart des spectateurs. Doué d’un œil formidable, il nous fait bénéficier d’une photographie fabuleuse à tout moment du film, en distillant des plans rarement vus ailleurs. Il en va ainsi lors du changement de plan en fondu en passant de la trame d’un pull qui prend forme sous les doigts experts de la douceur incarnée par Emily Watson pour passer au champs travaillé, ou un autre plan comme la chute de deux corps pudiquement cachée par une aile de moulin qui passait juste à ce moment-là, ou encore un autre plan comme celui du reflet d’une silhouette dans l’œil du cheval. Bien entendu, j’en passe car je ne peux tout citer. Ainsi cette œuvre regorge de portraits intéressants, que ce soit de la touchante Rose Narracott (Emily Watson), du pauvre Ted Narracott (Peter Mullan), ou que ce soit du détestable Lyons (David Thewlis) que même l’oie de la ferme ne peut pas sentir, du sympathique grand-père (Niels Arestrup), sans oublier l’ingénu Albert Narracott (Jeremy Irvine) et de son fabuleux cheval ainsi que de ses congénères. On peut alors ,mesurer à quel point le jeu d’acteur est excellent, largement trahi par une expression scénique sans faille. La sublime musique de John Williams nous accompagne tout au long de cette alternance de scènes enchanteresses, dures, tour à tour porteuses de bonheur et d’espoir puis de profonde tristesse. Le dressage des chevaux est bien sûr à saluer, car rien n’aurait été possible sans les dresseurs, et sans ces chevaux. Quatorze d’entre eux ont été nécessaires rien que pour le cheval Joey. Toutefois, on peut regretter les retrouvailles, car elles sont assez convenues, et obéissent à une promesse faite solennellement. Je les qualifierai d’un peu miraculeuses, surtout de la façon dont ça s’est passé. Non, je ne raconterai toujours pas, car je dévoilerai en grande partie le final, et j’en ai déjà trop dit. J’ignore si le réalisateur a respecté à la lettre le roman éponyme de Michael Morpugo. Mais c’est bien là mon seul bémol qui m’empêche de donner les 5 étoiles à "Cheval de guerre", lequel bénéficie d’une excellente bande son. J’ai eu grand plaisir à voir ce film tant émotionnellement, que musicalement et visuellement, tant il a été magistralement tourné, mettant en avant l’aspect fraternel bien avant le patriotisme, un patriotisme d’ailleurs réduit à quelques bouts de chandelles éculés. J'irai même jusqu'à dire que c'est un véritable outrage que "Cheval de guerre" n’ait pas été oscarisé en 2012 alors que 6 statuettes semblaient lui tendre les bras (meilleur film, meilleure photographie, meilleur son, meilleure musique, meilleurs décors, et meilleur montage sonore). Du grand spectacle, du bon sentimentalisme (sans tomber dans le gnan gnan) dans des décors tantôt anglais, tantôt français (formidable contraste entre les grands espaces et les tranchées), et qui peut être regardé en famille à condition toutefois de prévoir 2h30 de son temps car il serait dommage de ne pas aller au bout sans interruption... Bon film :-)