Très beau film de Spielberg. Certain le trouveront peut-être un peu naïf, irréaliste, mais c’est là un conte, et donc logiquement il faut apprécier les codes du genre pour apprécier ce film. Maintenant j’invite malgré tout les critiques 0.5 ou 1 à regarder du Jason Bourque, du DeCoteau ou du Winorsky, car je me demande quelle note ils pourront mettre aux chefs-d’œuvre (ironie) de ces réalisateurs. Je vais commencer par le scénario. Celui-ci est très original, et raconte à la fois la petite et la grande histoire de façon singulière et très plaisante. Sans manichéisme, sans parti-pris, Spielberg conduit son histoire avec talent. Il y a du rythme, des rebondissements, une fluidité exemplaire. On reprochera peut-être le coté larmoyant parfois un peu exagéré, une dramatisation emphatique quelquefois lourdingue. Niveau acteurs, très bon choix général. Connus ou moins connus, ils livrent des prestations exemplaires. Le jeune Jeremy Irvine est remarquable de conviction et d’émotion (dans son vrai premier grand rôle), les seconds rôles sont magnifiques (le duo Arestrup et sa petite-fille, le soldat artilleur allemand notamment rompent bien avec la caricature et transmettent de beaux sentiments, celui des deux frères est un peu plus clichés). La mise en scène est splendide, génialement conduite, et certaines séquences sont dignes d’un très grand cinéaste (la charge de cavalerie, la course effrénée du cheval dans le no man’s land par exemple). Les décors et la reconstitution de la guerre sont très soignés, malgré quelques invraisemblances historiques (pour les besoins du scénario surtout) et la photographie est d’une grande richesse. Elle impose magnifiquement les contrastes entre la campagne anglaise et les champs de bataille. Je ne peux passer sur la musique, John Williams que l’on ne présente plus livrant une partition enthousiasmante au possible.
Au final, il n’y a pas grand-chose à redire sur Cheval de guerre, qualitatif à presque tous les niveaux. Ce n’est pas le meilleur Spielberg, certes, mais il est vraiment à voir, peut-être pas néanmoins avec des enfants jeunes (histoire d’éviter le syndrome Bambi) et parce qu’il déploie aussi une certaine violence. Cheval de guerre souffre peut-être d’un petit manque d’âme (lorsque tout coule trop bien c’est parfois le problème) et dramatise un peu trop (c’est la guerre selon Hollywood quoi, alors il y a une bonne dose de pathétique, de lyrique, d’épique, parfois le vase déborde). Il y a malgré ces réserves un excellent niveau, et Cheval de guerre transmet une très belle morale, c’est bon à prendre dans un monde qui ne connait plus trop le sens de ce mot. Bravo M. Spielberg !