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    Poetry
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    174 critiques spectateurs

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    Cluny
    Cluny

    74 abonnés 593 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 21 octobre 2012
    Le titre, "Poetry", ainsi que l'affiche montrant Mija assise sous un arbre le regard perdu dans l'immensité, pouvait nous faire craindre une histoire un peu mièvre. Ceux qui avaient vu "Secret Sunshine", dont je suis, savaient déjà qu'il n'y avait pas trop de risque de ce type à craindre de la part de Lee Chang-Dong. La première scène du film suffit à nous convaincre qu'on ne va pas patauger au pays des Bisounours : des enfants filmés en plan large jouent au bord d'une rivière ; l'un d'entre eux s'arrête, son regard vient d'attraper quelque chose : un corps dérive et vient s'échouer devant eux, celui d'une collègienne, pauvre esquisse d'Ophélie, lointaine descendante de Willa Harper dans "La Nuit du Chasseur".

    Cette scène qui rappelle celle de la découverte du corps de Jun dans "Secret Sunshine" nous annonce que nombreux seront les obstacles qui viendront se dresser dans la quête de la beauté qu'entreprend Mija en s'inscrivant au cours de poésie à la M.J.C. de son quartier, car après tout, comme elle dit elle même, "elle aime les fleurs et dit des trucs bizarres". En effet, comme l'explique son professeur, pour écrire un poéme, il faut savoir dénicher la beauté dans tout ce qui nous entoure. Vaste programme pour Mija, dont la vie se résume à travailler comme aide-ménagère pour un vieillard libidineux, et à tenter de répondre à tous les caprices de son monstrueux petit-fils laissé là en consigne par sa fille partie au loin.

    Elle n'a pas encore assisté à son premier cours, qu'elle a déjà appris d'un médecin que ses trous de mémoire cachaient quelque chose d'inquiétant, et assisté au désespoir de la mater dolorosa de la collégienne qui s'est jétée du haut d'un pont dans la rivière Han. Derrière ces deux événements se dissimule le pire : elle est bien atteinte d'Alzheimer, et la jeune fille s'est suicidée car elle était violée depuis plusieurs mois par six élèves de sa classe, dont Wook. Et la barbarie continue, avec le visage policé de la lâcheté, quand les pères des cinq autres violeurs organisent un petit arrangement avec la police et le collège pour acheter le silence de la mère de la victime, condamnant Mija à ajouter à la culpabilité l'angoisse de devoir trouver les cinq millions demandés.

    Pourtant, la poésie est bien là, comme une fleur poussant sur le fumier. Elle l'est dans le personnage de Mija, avec ses vestes brodées et ses chapeaux désuets, dans son rire enfantin ou dans l'irruption d'un souvenir d'enfance sauvegardé. Elle l'est quand le père d'un des collégiens la surprend en train de s'abandonner dans son karaoke à chanter une riturnelle qui dit "Je voudrais vider le verre de l'oubli", réplique de la scène où Jong-Chan oubliait sa souffrance dans "Secret Sunshine". Elle l'est même dans la seule scène où Wook montre un peu d'humanité, quand il apprend aux gamines du quartier à jouer du hula-hoop.

    Curieux télescopage que celui de ce film de Lee Chan-Dong et de "Mother" de Joon-ho Bong, qui tous deux racontent comment une mère ou une grand-mère doit endosser la culpabilité de la faute de leur fils ou petit-fils. Dans un monde de plus en plus aseptisé, un monde d'hommes près à toutes les compromissions, les deux femmes se protègent de l'insupportable, l'une en menant le combat de la vérité, l'autre en investissant la poésie avec le sérieux d'une écolière.

    En regardant ces deux films, je me disais que de telles histoires n'étaient plus racontées depuis longtemps dans le cinéma français, sans doute par peur du ridicule ou du too much, et qu'il y avait une part de culot salvateur dans le travail de ces réalisateurs à l'image de celui de leurs héroïnes. Toujours sur le fil du mélo, Lee Chang-Dong parvient à maintenir l'intérêt de son récit grâce à une science du rythme qui fait alterner moments contemplatifs et rebondissement de l'action, et la confiance accordée à son actrice principale qui revient à l'écran après 15 ans de latence. Prix mérité du scénario au dernier Festival de Cannes, "Poetry" constitue la première bonne nouvelle d'une rentrée plutôt alléchante.
    Critiques Clunysiennes
    http://www.critiquesclunysiennes.com
    Sylvain P
    Sylvain P

    335 abonnés 1 355 critiques Suivre son activité

    1,5
    Publiée le 5 septembre 2010
    Cette histoire d'une grand mère essayant de couvrir, contre toute morale, un viol perpétré par son petit-fils n'emballe pas. L'émotion affleure à peine et les scènes inutiles foisonnent.
    Akamaru
    Akamaru

    3 085 abonnés 4 339 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 2 février 2011
    Lee Chang-Dong est un peu le pendant sud-coréen du japonais Kore Eda-Hirokazu.Ses films sont toujours empreints d'une humanité sincère et d'une profonde délicatesse,malgré des sujets difficiles et révoltants.Dans "Poetry",mélodrame d'une pudeur infinie,il relate le parcours d'une grand-mère de 65 ans,élevant seule son petit-fils.De caractère lunaire et la sensibilité artistique exacerbée,elle respire la joie de vivre avec ses tenues élégantes et colorées et son sourire désarmant.Seulement,lorsqu'elle apprend que son petit-fils est impliqué dans un viol collectif et un meurtre,elle tombe de si haut,qu'elle se réfugie dans la poésie.Chang-Dong magnifie Yoon Jung-hee,actrice bouleversante,radieuse et en même temps vulnérable,candide mais si forte.Sa prestation touche au coeur sans effort.Malgré les épreuves(Alzheimer,abus sexuel,rançon à payer...),elle tente de préserver sa pureté dans un monde déliquescent.Le film laisse la part belle à la contemplation,à la redécouverte de la nature,à la recherche des mots poétiques comme Mi-Ja tente de le faire.C'est cette évolution parallèle entre la beauté et la monstruosité qui donne tout son charme perdurant à "Poetry".Prix du scénario à Cannes 2010.Exceptionnel portrait de femme mûre et captation des petits riens du quotidien.
     Kurosawa
    Kurosawa

    581 abonnés 1 509 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 25 juin 2019
    Récompensé à Cannes pour son scénario, "Poetry" est en effet doté d'une écriture subtile et particulièrement réaliste en ce qu'elle mise sur l'opacité des personnages. Lee Chang-Dong n'explicite jamais la relation entre une grand-mère passionnée de poésie qui perd la mémoire et son petit-fils, qui a violé avec d'autres camarades une jeune fille de leur collège qui s'est par la suite suicidée, mais s'en tient à une mise en scène objective de l'action, dépourvue de psychologie et de justification. Aucune communication n'est possible entre ces deux personnages, ce qui renforce une tension que l'on sent progressive et qui aboutit à un final ambivalent, à la fois cruel et moral. Il est étrange que la plupart des critiques n'aient vu en cette grand-mère qu'une femme digne qui ne baisse jamais les bras – quelle paresse intellectuelle que de simplifier le personnage et a fortiori de proposer une lecture erronée du film ! – alors que ses décisions sont parfois contradictoires : il est par exemple curieux qu'elle demande de l'argent au vieux paralysé dont elle s'occupe afin de le remettre aux parents de jeunes violeurs, décision remise en cause lors des dernières minutes. Ce n'est pas parce qu'elle va dans le sens d'une certaine justice morale qu'elle ne doute pas et qu'elle est par moments débordée, cela indépendamment de la maladie qui la gagne. La perte de la mémoire n'est pas là pour excuser le personnage, elle justifie l'urgence d'écrire enfin un poème, de saisir la beauté du monde avant que celle-ci ne lui échappe définitivement; la recherche de la poésie n'est pas ce qu'il y a de plus réussi dans le film (les leçons auxquelles elle assiste sont sommaires et les lectures qu'elle écoute assez ennuyeuses) mais sa concrétisation est absolument bouleversante : l'issue de "Poetry" établit de façon surprenante un lien entre la grand-mère et la fille suicidée, lequel se fait à travers un tissage sensuel de voix, de mots et de gestes suggérés. Si "Poetry" aurait pu être encore plus mystérieux, on se souviendra longtemps de ces derniers plans, magnifiques, sur le fil du flashback et d'une figuration de l'invisible.
    EricDebarnot
    EricDebarnot

    204 abonnés 1 262 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 14 décembre 2010
    "Poetry" est un pur miracle de cinéma, l'un de ses miracles qui redonnent la foi en la "mise en scène" - un art de nos jours négligé au profit de la toute-puissance scénaristique - et en "l'interprétation" : à partir d'un sujet à la fois mélodramatique et sordide (les tourments d'une femme vieillissante dont la vie semble se déliter, et qui trouvera en la poésie une manière sinon de vivre, mais tout au moins d'affirmer une vraie morale), Lee Chang-Dong a réussi un film d'une grâce infinie, d'une justesse permanente, d'une précision étourdissante, un film dont on sort à la fois brisé et paradoxalement rasséréné. Face à l'horreur dans nom - de la société veule et corrompue, des instincts les plus bestiaux en chacun d'entre nous, de la dégradation irréparable du corps avec l'âge -, "Poetry" nous rappelle (sans jamais nous donner la moindre leçon - qu'il est toujours possible de trouver les mots qui éclairent, conjuguant justice et beauté. Au delà de l'interprétation lumineuse de Yoon Jung-hee, il faut saluer, vénérer même les dix dernières minutes de "Poetry", hommage bouleversant de simplicité à une victime, auquel le film donne finalement le droit d'exister face à ses bourreaux, comme à ceux qui lui ont survécu.
    Hotinhere
    Hotinhere

    547 abonnés 4 952 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 30 octobre 2023
    Le portrait terriblement touchant d’une grand-mère coréenne qui s'initie à la poésie comme échappatoire à sa vie tourmentée, illuminée par la prestation bouleversante de son héroïne.
    willyzacc
    willyzacc

    78 abonnés 1 544 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 27 août 2012
    Un beau film, qui traîne parfois en longueurs et dont on aurait aimé peut-être plus de poésie, pour égayer cette histoire très déprimante au fond.. La non réaction du personnage principal est aussi étrange, mais c'est ça qui fait la beauté du film.
    anonyme
    Un visiteur
    2,5
    Publiée le 11 septembre 2011
    Audacieux dans son abstraction lyrique, un film qui veut se faire une oeuvre d'art: l'ambition est touchante. On regrettera malheureusement cette fin si banale et à la limite d'un certain pathos.
    officiel76
    officiel76

    46 abonnés 411 critiques Suivre son activité

    1,5
    Publiée le 9 septembre 2010
    je me suis tellement ennuyé que je suis parti au bout d'une heure. il ne se passe rien, c'est d'un mortel ennui, c'est lent, et surtout ça n'apporte rien. enfin, pas à moi...par honnêteté je mets beaucoup plus que ce que je pensais mettre comme note, uniquement parce que je n'en ai vu que la moitié !
    jfharo
    jfharo

    54 abonnés 1 232 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 24 janvier 2011
    Un film tout en douceur comme une poésie , et ce malgré un propos difficile .
    WalkthisWay
    WalkthisWay

    22 abonnés 670 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 14 juin 2012
    Un film très calme, posé, épuré, poétique, beau, tout simplement.
    mazou31
    mazou31

    94 abonnés 1 281 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 14 février 2011
    Beau film méditatif sur le courage féminin, le sens de la vie, la difficulté de la création artistique ; plein de subtilité, de finesse, d'élégance mais d'une longueur un peu anesthésiante. Heureusement l'auteur a un art de l'ellipse consommé ! Jeong-hie Yun, la grand-mère, est tout simplement sublime dans ce rôle difficile. N'aurait-elle pas mérité le prix d'interprétation ?
    selenie
    selenie

    6 213 abonnés 6 178 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 8 octobre 2010
    Adorant le ciné coréen et passionné moi-même de poésie je dois dire que je suis un peu déçu... Le film se mêle les pinceaux entre les parties "viol", "poésie", "vieillesse" et "alzheimer". Le montage fait que le tout manque de fluidité entre les trois sous-intrigues. La partie "viol" est intéressante mais agace parce qu'il ne se passe pas grand chose malgré un tel drame, peu d'émotion et un dialogue de sourd très énervant entre les différents protagonistes. La partie "Alzheimer" est à peine traitée en vérité, la maladie étant présente comme un fantôme menaçant mais sans réelle force dramatique. La partie "Poésie" est charmante, contemplative et non sans humour. En vérité la partie "vieillesse", qui semblait la moins importante pourtant, est celle qui est la plus présente à l'écran et qui donne le plus d'émotion par la biais de la relation ambigüe entre la grand-mère et le vieil homme dont elle s'occupe. A la fin du film on est donc partagé sur ce film bancal, qui se perd un peu en cours de route mais certainement très riche et avec une actrice principale divine.
    velocio
    velocio

    1 299 abonnés 3 134 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 21 août 2010
    Ancien prof, ancien ministre de la Culture, le coréen Lee Chang-Dong est un habitué du Festival de Cannes. C'est ainsi qu'en 2007, il avait permis à Jeon Do-Yeon d'obtenir le prix d'interprétation féminine pour son rôle dans "Secret Sunshine". Il n'est pas interdit de penser que c'est ce prix de 2007 qui a empêché Yun Jung-hee, l'actrice principale de "Poetry", de recevoir le même prix, lequel aurait été amplement mérité, tant sa prestation est absolument époustouflante. On notera qu'à 66 ans, avec près de 300 films au compteur, elle reprenait un travail de comédienne abandonné il y a 15 ans pour venir vivre à Paris avec son mari Kun-Woo Paik, pianiste classique réputé. Quant au film lui-même, il a obtenu cette année le Prix du scénario mais c'est très nettement la Palme d'Or qu'il aurait dû obtenir. Certes, n'importe quel film de la sélection était largement supérieur à celui qui l'a obtenu (le scandale du siècle !), mais "Poetry", un film tout en finesse, jamais ennuyeux, très riche d'informations sur la société coréenne, était celui qui le méritait le plus, avis partagé par de nombreux cinéphiles au moment du Festival. On ne peut pas oublier cette grand-mère pleine de légèreté qui se met à fréquenter, à plus de 60 ans, un cours de poésie dans la maison de la culture de son quartier et qui apprend que son petit-fils, avec qui elle vit, a participé au viol collectif d'une copine de lycée. Tout au long de ce film on ressent une émotion très forte mais aussi très sincère, jamais arrachée de force au spectateur. La meilleure preuve : pas la moindre note de musique destinée à accentuer cette émotion. Du grand art !
    stanley
    stanley

    66 abonnés 756 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 28 août 2010
    Lee Chang Dong nous livre ici un film sobre sans pathos et, grâce à une fluide mise en scène, rend Poetry beau et émouvant. Le film bénéficie d'une très belle photographie qui magnifie autant le cadre urbain que rural en donnant à ces paysages un ton quasi impressioniste, proche de Renoir. L'actrice principale est exceptionnelle de mesure, de légèreté. Les scènes de formation à la poésie sont bien rendues et les passages biographiques des élèves rendus avec justesse et émotion, avec recul. C'est en inscrivant les mots de poésie sur le papier que la vieille dame trouvera une solution pour pallier les conséquences de sa démence débutante. Pour elle, les noms sont plus importants que les verbes, donc la contemplation plus importante que l'action. A cet égard, la scène de rencontre avec la mère de la fille suicidée est remarquable et donne aussi au film un ton mystique (la circularité de la vie via les fruits tombés des arbres). Il faut saluer aussi la superbe conclusion d'un film parfois un peu long qui aurait dû plus cerner le rôle des parents des jeunes violeurs. Malgré ces réserves, Poetry reste un des dix meilleurs films de cette année et rappelle Mother et Lola sortis au début de 2010.
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