Vous faites partie des nouveaux visages d'un Si Grand Soleil depuis l'an dernier. Comment s'est déroulé votre arrivée dans la série ? Saviez-vous que votre personnage allait devenir récurrent au moment du casting ?
Sophie Le Tellier : Pas du tout. On s'était croisés avec Toma de Matteis (le producteur de la série, ndlr) à divers reprises sur d'autres projets, et il avait envie que je fasse partie de l'aventure Un Si Grand Soleil. Et c'est quelqu'un de parole : que ce soit des mois ou des années après, quand il promet quelque chose il le fait. Il m'a donc proposé d'arriver dans cette aventure, mais je ne savais pas du tout ce qui allait advenir de ce personnage.
Je ne savais pas si c'était quelqu'un de solaire, de gentil ou de sombre... Les seuls éléments que j'avais, c'est que c'était quelqu'un qu'on voulait injecter tout doucement dans la série pour que les téléspectateurs s'habituent à lui, s'attachent éventuellement, et je savais qu'il allait me faire évoluer, mais je ne savais pas dans quelle direction. C'est vrai qu'on découvre nous mêmes l'évolution de nos personnages au fur et à mesure de l'écriture, et que souvent on joue sans trop savoir ce qu'il vont devenir, comme dans la vraie vie ! (rires)
C'est vrai que lorsqu'on découvre Hélène lors de ses premières scènes à l'hôpital, elle apparaît comme plutôt solitaire, entièrement dédiée à son travail... Elle paraît difficile à cerner.
On ne sait rien, et moi non plus ! C'est vrai qu'au début ce n'était pas évident pour la construction du personnage, je me posais des questions sur elle... Et puis je me suis dit que j'allais me laisser guider, et j'apportais ce qui me semblait juste et cohérent sans rien projeter puisque je ne connaissais pas les caractéristiques de ce personnage.
Et en même temps que je trouve ça très ludique, ce côté multi-facette des personnages qu'on incarne. Je trouve très intéressant de jouer des personnages comme ça, un peu en creux, sinueux, plus sombres... C'est plus marrant pour un comédien qu'un gentil personnage bien lisse. J'adore aussi jouer des personnages qui sont loin de moi : très durs, sûrs d'eux, volontaires... J'essaie toujours d'y mettre un fond d'humanité, et d'essayer de les racheter.
Hélène a des accès d'humeur un peu incontrôlés, où elle-même ne comprend pas ce qui lui arrive. Dans les semaines à venir, vous allez assister à de vrais moments de pétage de plombs, où Hélène va être hystérique. Derrière la folie de ce personnage-là, il y avait matière à jouer plein de choses. C'était très amusant de pouvoir montrer des moments inquiétants, très sombres, puis solaires, joyeux... J'ai vraiment pu m'amuser avec ce personnage-là.
Au moment ou Hélène commence à être obnubilée par Claire, au point de s'immiscer dans sa vie et de devenir malveillante, que vous êtes-vous dit sur ses motivations ?
Dans la tête d'Hélène, elle agit pour le bien de Claire. Par exemple, elle s'en prend directement à Janet, parce que Claire travaille trop et que Janet la met sous pression. La seule solution que trouve alors Hélène pour qu'elle fasse un break est de nuire à sa patronne... Toutes les choses qu'elle fait sont sous couvert de "faire le bien."
Au point d'aller beaucoup trop loin, notamment lorsque Claire est droguée au Senso et qu'Hélène décide de trafiquer ses résultats de toxicologie à l'hôpital...
Ça va très loin. Après le coup du GHB, Hélène va faire des trucs de barge ! Elle a totalement vrillé à ce moment-là, le personnage a basculé dans la folie. Elle s'est laissée dépasser par tout ça. Il y a une distorsion de la réalité, et elle se retrouve dans un espèce d'engrenage, de choses qu'elle fait sans en avoir conscience. Ça m'a permis de m'amuser d'autant plus parce que je pouvais faire des choses qui étaient assez grandiloquentes, voire extrêmes, sous couvert de folie.
C'est aussi la force des feuilletons de proposer des "méchants" complexes et originaux...
Ah on me déteste ! J'exaspère beaucoup les gens.(rires) Mais ça ne m'atteint pas, ça m'amuse au contraire, et c'est beaucoup plus drôle à jouer. On a eu des fous rires avec Mélanie Maudran, même dans des scènes parfois un peu dures à tourner et pas drôles du tout... Je l'adore ! J'aime travailler dans la détente et la bonne humeur.
C'est très agréable de travailler sur cette série, l'organisation est incroyable : il y a quatre plateaux par jour, quatre réalisateurs par jour, un nombre incalculable de techniciens, de comédiens... Et malgré tout ça, on est vraiment traités avec bienveillance. Je suis très contente de faire partie de cette aventure. Peut être que mon personnage disparaîtra dans six mois, mais en attendant je profite au jour le jour de ce qui se passe et je m'amuse beaucoup.
Où pourra-t-on vous voir prochainement, en dehors d'Un Si Grand Soleil ?
Je suis également sur une autre série depuis trois saisons, Alexandra Ehle, où on tourne plusieurs épisodes de 90 minutes chaque année, et on est justement en train d'en tourner deux en même temps. Je fais aussi un épisode des Petits Meurtres d'Agatha Christie, et je participe à la série Le Voyageur dans laquelle je joue un petit rôle. Mes semaines sont un peu chargées en ce moment... Je passe ma vie dans les trains ! Mais je vois comme c'est compliqué pour certains amis autour de moi, donc je ne me plains pas d'avoir du travail en ce moment. Je sais aussi que la roue tourne, donc j'en profite tant que ça dure.