Vous figurez dans l'intrigue principale d'Un Si Grand Soleil en ce moment. Etes-vous toujours en tournage de cette intrigue actuellement ?
Benjamin Bourgois : Pour l'instant, j'ai eu pas mal de travail en janvier et février justement pour tourner tout ce que vous êtes en train de voir à l'écran, et puis ensuite les aventures tournent, et les gens vont voir d'autres choses.
J'ai ensuite très peu de dates de tournage jusqu'à juillet-août, et puis on est toujours dans les signatures des années suivantes, où il faut que les auteurs voient ce qu'ils veulent faire et où des dialogues se font entre nous, la production et l'artistique. C'est une période qui est saine parce qu'il y a beaucoup de discussions.
Après sa condamnation pour le meurtre d'André Faure, on ne pensait pas revoir Gaëlle (Hélène Degy) à l'écran de sitôt. Comment avez-vous réagi en découvrant que ce personnage allait faire son retour dans la série ?
Elle est increvable ! (rires) Je m'attendais à ce qu'elle revienne, non pas parce que la production nous en avait parlé, mais parce c'est que c'est le profil-type de personnage qu'on aime voir revenir. Ce genre de personnage-là, qui revient d'entre les morts ou de très loin... Le fameux "I'll be back !" Elle en fait partie un petit peu, et je m'attendais à un moment ou à un autre à ce qu'elle s'échappe.
C'était drôle car au moment où on avait tourné l'intrigue avec une apparition de Gaëlle en prison, où elle devait apporter son aide dans une enquête, c'était la deuxième fois qu'elle revenait dans la série, et on s'était dits en plaisantant avec Hélène Degy qu'il y avait des chances qu'elle s'évade et qu'elle revienne une bonne fois pour toutes me casser les pieds. Et c'est arrivé ! On ne l'avait pas anticipé de manière sûre mais on le sentait venir.
Et puis il est possible qu'on la revoit bien plus tard après son aménagement de peine. Le laps de temps entre la réalité et la fiction est très court ! Les grossesses durent cinq mois, les peines de prison sont raccourcies... L'espace-temps dans ce genre de fiction est soit dilaté, soit très raccourci. Donc il y a des chances pour que son aménagement de peine se finisse un peu plus tôt que prévu et lui permette de revenir dans la vie d'Alex pour foutre la merde. (rires)
En effet, les sentiments d'Alex envers Gaëlle semblent toujours complexes, et le fait d'avoir entamé une relation stable avec Julie (Sophie Staub) ne parvient pas à lui faire oublier cette femme...
Oui, c'est très puissant, très ancré chez lui. Le personnage de Gaëlle Lestrac a été très marquant. Là, il choisit - à raison - de ne pas s'intoxiquer encore, parce que malgré le côté rédempteur qu'elle présente, il y a forcément quelque chose de nocif derrière ça.
Les problèmes vont arriver avec elle, qu'elle le veuille ou non; elle aura beau vouloir se racheter, il y aura forcément une situation compliquée qui arriverait si jamais ils se remettaient ensemble. Donc Alex choisit d'être raisonnable, et choisit la relation de coeur avec Julie, mais Gaëlle Lestrac l'a marqué au fer rouge.
D'autant plus que malgré sa volonté de ne plus la voir, on lui impose malgré lui cette collaboration, puisque Gaëlle exige qu'il soit son unique correspondant au cours de son infiltration...
Oui, elle l'impose d'elle-même. Dans les épisodes diffusés récemment, elle explique pourquoi elle voulait que ce soit lui son lien dans cette opération : le fait qu'ils puissent se faire confiance malgré ce qu'ils ont vécu. C'est le côté obscur de la force ! (rires) Deux entités contraires qui sont liées.
En conséquence, le couple qu'Alex forme avec Julie risque d'être mis à l'épreuve, car elle commence à se douter qu'il lui cache des choses dans sa mission.
Le retour de Gaëlle bouscule beaucoup de certitudes, mais je pense qu'il est très heureux avec elle. Elle s'avère être très compréhensive. Il y a plus de clarté entre eux par rapport à leur précédente mésaventure lors de l'histoire avec Jade, où il avait déjà du lui mentir et où des problèmes de confiance s'étaient installés. Même si là, il ne peut pas être honnête à cent pour cent avec elle en lui parlant du trouble qu'il ressent envers Gaëlle, il a joué carte sur table sur l'affaire dont il s'occupe.
Mais encore une fois, le pauvre se retrouve avec le cul entre deux chaises : le fait que sa hiérarchie lui demande de ne rien dire à ses proches, et puis cette transparence envers Julie qu'il essaie de maintenir malgré tout. Il y a encore des petites cachotteries, même s'il lui a avoué que son ex l'avait rappelé. Il lui dit ce qu'il peut dire, une sorte de mensonge par omission. Est-ce que ça va se retourner contre lui ? On verra...
Côté vie de famille, on est un peu sans nouvelles depuis quelques temps de Davia, la sœur d'Alex jouée par Jennifer Dubourg-Bracconi. Après une intrigue familiale forte avec elle il y a quelques temps, aimeriez-vous à nouveau tourner ensemble ?
On a parfois des désirs personnels entre collègues, entre comédiens, et des interactions qu'on peut imaginer, mais nous ne sommes que des marionnettes entre les mains des auteurs ! (rires) On ne sait pas ce que l'avenir nous réserve dans la série. On veut tous notre part du gâteau, mais nous sommes très nombreux et il en faut pour tout le monde.
Même pour les spectateurs, c'est bien qu'il y ait plusieurs pistes de narration, que ce soit chez les flics, dans les vies de famille... Même si on est quelques récurrents à être présents depuis le début, c'est bien que de nouveaux personnages émergent, comme celui joué par Nadia Fossier par exemple.
Vous faites partie justement des figures récurrentes de la série depuis ses débuts. Que diriez-vous aujourd'hui au Benjamin Bourgois qui s'apprêtait à se lancer dans l'aventure ?
En tant qu'acteur, je lui dirais de foncer, qu'il va bien s'amuser ! (rires) De ne pas hésiter car c'est une belle aventure où il va se passer plein de choses, et où j'ai énormément appris, notamment sur mon adaptation à la rapidité du métier. J'aurais pu faire des choses l'année dernière et les précédentes qui n'ont pas pu avoir lieu pour des raisons de planning.
Mais je me dis que c'était écrit comme ça, et que d'autres choses pourront se produire, si mon planning me le permet. J'essaie d'être serein là-dessus, de bosser un maximum et de bien faire les choses. Evidemment, on aimerait tout avoir le beurre et l'argent du beurre, mais ce n'est pas possible donc il faut faire des compromis.
Vous avez beaucoup de scènes au commissariat avec Moïse Santamaria, qui incarne Manu. Ce sont souvent des scènes très explicatives pour les enquêtes, ce qui peut paraître parfois redondant à tourner, mais vous arrivez toujours à y insuffler une dose d'humour et de complicité grâce à votre duo.
Parfois on le fait trop, et on se fait taper sur les doigts... Heureusement qu'il y a des gens qui nous freinent un peu parce qu'évidemment, pour le bienfondé d'une intrigue, il y a des choses qui sont assez informatives, il y a des jalons à mettre dans une enquête policière.
Ce sont des scènes nécessaires qui demandent d'être claires, mais c'est compliqué d'en dégager quelque chose de léger, et à l'écriture c'est un casse-tête incroyable pour les auteurs et les dialoguistes de trouver des ressorts comiques.
Alors on essaie toujours de trouver quelque chose d'un peu naturel et de vivant là-dedans, pour sortir un peu du côté mécanique de cette structure. On arrive à trouver des choses avec Moïse, mais on s'amuse aussi beaucoup avec Yvon, c'est un homme absolument fou. Et avec nos autres collègues aussi, Constantin Balsan, Aïssam Medhem et Malya Roman, on est toute une équipe de barjots maintenant, et on arrive à s'amuser. Et ça c'est essentiel dans un rythme comme celui-ci.
Pour finir, avez-vous d'autres projets à venir en marge de la série ?
Ca a été un peu plus calme cette année à partir de janvier; l'année dernière j'ai fait une apparition dans le film Barbaque de Fabrice Eboué. Ca a été très court, mais je me suis éclaté ! C'était une super expérience de totale liberté, avec beaucoup d'improvisation avant de tourner. C'était un peu comme un laboratoire de luxe de pouvoir travailler avec Eboué et Marina Foïs, qui est une machine de guerre.
En ce moment je suis plus en famille, et je profite du temps que j'ai pour m'occuper d'eux. Ensuite, septembre sera une nouvelle aventure, on verra ce qui m'attend à ce moment-là... Je reste serein en me disant que tant que je fais les choses bien et que je me comporte bien, il n'y a aucune raison que ça se passe mal !