De quoi ça parle ?
Sophie se trompe-t-elle de cible lorsqu’elle tire sur le libraire. Un libraire aimé de tout le quartier ? Elle l’accuse d’avoir fait de leurs nuits d’amour une arme pour la détruire en l’exposant sur Internet comme un objet pornographique.
Son procès va mettre au jour le calvaire d’une jeune femme ordinaire victime de cybercriminalité, et les ravages sur ses enfants, ses proches, jusqu’à son travail… Mais en l’absence de preuves, va-t-on la croire ?
Mercredi 30 mars à 21h10 sur France 2
C'est avec qui ?
Pour incarner Sophie Parlier, cette mère de famille victime de revenge porn de la part d'un homme dont elle s'est épris et avec qui elle a vécu une brève aventure, le réalisateur Didier Bivel (Emma Bovary, M'abandonne pas) a jeté son dévolu sur Julie de Bona, qu'on ne présente plus depuis le succès du Secret d'Elise, du Bazar de la charité, ou du Tueur du lac.
Face à elle, c'est Julien Boisselier (Nina, Les Copains d'abord) qui campe Vincent Marsac, le libraire qui fait vivre un vrai calvaire à l'héroïne. Tandis qu'Edouard Montoute (Taxi, CUT), Samy Gharbi (Demain nous appartient), Natalia Dontcheva (Infidèle, J'ai menti), Sophie Cattani (En Thérapie), ou encore Evelyne El Garby Klaï (Ici tout commence) complètent la distribution de Mise à nu.
Ça vaut le coup d'oeil ?
Une femme d'une trentaine d'années entre dans une librairie, brandit soudainement une arme, et vise le libraire, entre rage et désespoir. Deux ans plus tard, Sophie Parlier est sur le banc des accusés, face au libraire en question, Vincent Marsac, désormais en fauteuil roulant. Mais, malgré les apparences, le bourreau n’est pas celui que l’on croit.
Écrit par Barbara Grinberg et Hélène Cohen, Mise à nu, qui s'inspire de l'histoire vraie de Sophia D., victime de revenge porn durant plusieurs années, raconte le calvaire de Sophie, mère de famille qui voit sa vie voler en éclat le jour où Marsac, son nouveau compagnon, poste sur les réseaux sociaux des vidéos intimes de leurs ébats sexuels. Simplement pour lui faire payer le rejet dont il a fait l'objet, car Sophie n'était pas prête à le laisser entrer pleinement dans sa vie et à assumer leur histoire.
Dès les premières minutes, le téléfilm de Didier Bivel nous happe par sa faculté à retranscrire la détresse de l'héroïne et la descente aux enfers dans laquelle elle va peu à peu se retrouver plongée bien malgré elle. Important et nécessaire, Mise à nu montre à quel point le cyberharcèlement peut être destructeur, tant sur le plan de la vie privée que de la vie professionnelle.
Alors qu'elle tente de se racheter une dignité auprès de ses proches après ce "viol de l'intimité" qu'elle a subi, Sophie se lance également dans une bataille judiciaire de longue haleine, au sein d'un système encore peu habitué à ce genre d'affaires compliquées, dans lesquelles les coupables ne sont pas faciles à démasquer.
Bien ficelé, le téléfilm de France 2 réussit efficacement à alerter et à sensibiliser sur les dangers des vidéos intimes ou des échanges d'images sur les réseaux ou via téléphones. Mais aussi sur l'importance, pour les victimes, de ne pas s'isoler et d'oser parler. Parce qu'il n'y a évidemment aucune honte à avoir été victime d'un acte de cybercriminalité comme le revenge porn.
Un message fort pour un téléfilm coup de poing à ne pas manquer qui doit beaucoup à l'interprétation sans faille d'une Julie de Bona encore une fois excellente qui prouve, après Service volé, Plan B, ou Je l'aime à mentir, récemment diffusés sur TF1 et M6, qu'elle est tout autant à l'aise dans le drame pur que dans la comédie. Et que les sujets sociétaux bouleversants lui vont comme un gant.
Autour d'elle, le reste du casting est au diapason, de Julien Boisselier, glaçant en libraire harceleur insoupçonnable, à Samy Gharbi, star de Demain nous appartient qui confirme tout le bien qu'on pense de lui dans la peau de l'avocat de Sophie. En passant par le jeune Julien De Saint-Jean, vraie révélation du téléfilm, qui fait preuve d'une belle justesse de jeu dans le rôle de Benji, le fils aîné de l'héroïne.
Pas étonnant donc que Julie de Bona et Julien Boisselier soient repartis du dernier Festival de Luchon avec le prix d'interprétation remis conjointement pour leurs partitions dans Mise à nu, dont la diffusion ce soir sur France 2 sera suivie du documentaire Infrarouge inédit "Ennemi intime", lui aussi consacré au revenge porn (ou "pornodivulgation").