Le personnage était évidemment attendu et guetté par tous les fans de l'univers DC. Il n'aura fait qu'une apparition furtive (et essentiellement vocale) dans The Batman, à la toute fin du long métrage alors qu'une inquiétante conversation se noue entre l'Homme Mystère (Paul Dano) et un détenu d'Arkham qui lui offre son amitié... ainsi qu'un rire reconnaissable entre mille.
Très ouvert lors de la promotion du long métrage, qui domine actuellement les box-offices américain et français, le réalisateur Matt Reeves s'était volontiers confié à notre micro sur la présence allégée du Joker dans son film, campé par un Barry Keoghan (vu notamment dans Les Éternels) méconnaissable.
"Le personnage devait initialement apparaître plus tôt, dans une autre scène, mais tout est question de contexte : je ne voulais pas faire une origin story de Batman, car j'avais le sentiment que cela avait été fait, et très bien, dans plusieurs autres films. (...) Ce personnage à Arkham renvoie au Joker avant qu'il ne soit le Joker. Il n'a pas encore décidé de revendiquer ce concept. Mais je voulais en faire quelqu'un que Batman a rencontré pendant sa première année, et qu'il a fait enfermer car c'était un tueur".
C'est justement cette scène, longue de 5 minutes, que le cinéaste offre aujourd'hui aux spectateurs. Un cadeau accessible à travers trois énigmes postées sur le site www.rataalada.com... mais disponible ci-dessous pour celles et ceux qui ne seraient pas friands des énigmes façon "Riddler". On y découvre un Batman (Robert Pattinson) en quête de réponses qui, telle Clarice Starling consultant Hannibal Lecter dans Le Silence des Agneaux, se tourne vers son meilleur ennemi pour décrypter les agissements de l'Homme-Mystère.
"Parce que Batman était perturbé par le fait que l'Homme Mystère lui écrive, il devait se rendre à Arkham pour tenter d'établir son profil, voir s'il réussissait à entrer dans son état d'esprit pour comprendre les raisons de ces lettres", explique Matt Reeves.
"Quand il se rend dans l'asile, le Joker qui est enfermé - mais qui n'est pas le Joker car il n'y en a pas - parvient à lire en Batman : 'Pourquoi tu te demandes pour quelles raisons il t'écrit ? Vous êtes exactement les mêmes, tous deux des justiciers masqués.' Il établit une comparaison entre les deux, et Batman est tellement énervé par cette idée qu'il la rejette."
"La scène était initialement dans le film, et Barry Keoghan était super, tout comme Robert Pattinson. Mais vu comme le film est vaste, j'ai fini par réaliser qu'elle n'avait pas besoin d'être là. J'ai quand même gardé sa seconde scène. Car elle marquait la fin de l'arc de l'Homme Mystère, mais également parce qu'elle montrait que d'autres ennuis se préparaient."
S'il ne se révèle jamais entièrement, dissimulé derrière la glace de la salle d'interrogatoire, le Joker version Barry Keoghan offre une toute nouvelle vision du personnage, différente des incarnations de Jack Nicholson, Heath Ledger, Jared Leto ou Joaquin Phoenix. Le clown est ici défiguré, les mains, les cheveux et le visage brûlés à l'acide, et la folie imprègne chacune de ses répliques, jusqu'à son rire final.