Il y a 24 ans, le 27 décembre 2000, M. Night Shyamalan nous offrait un de ses meilleurs films (si ce n'est son meilleur), Incassable. Souvent considéré, à raison, comme le plus grand film de super-héros, cette oeuvre a fortement marqué les esprits, notamment pour son ambiance mélancolique et ténébreuse, le tout porté par un Bruce Willis plus émouvant que jamais.
Un an auparavant, Shyamalan nous gratifiait déjà d'un long-métrage bouleversant, Sixième Sens, déjà emmené par un Bruce Willis d'une déconcertante sobriété. Le cinéaste nous offrait déjà un twist final surprenant et se révélait aux yeux du grand public.
Shyamalan au sommet de son art
Avec Incassable, le metteur en scène prend une toute autre dimension. Cette fois, il nous emmène à la rencontre de David Dunn, un homme à la croisée des chemins. Son couple bat de l'aile et sa relation avec son jeune fils n'est pas au beau fixe. Taiseux et introverti, il travaille comme agent de sécurité. Victime d'un terrible accident ferroviaire qui fait 131 morts, il s'en sort totalement indemne.
Ce miracle attire l'attention d'un certain Elijah Price (Samuel L. Jackson). Ce dernier souffre depuis sa naissance d'une forme d'ostéogénèse. S'il reçoit le moindre choc, ses os cassent comme des brindilles. Depuis son enfance, il n'a de cesse d'admirer les superhéros, des personnages qui sont tout l'opposé de lui-même.
Propriétaire d'un magasin spécialisé dans les bandes-dessinées, il épluche pendant son temps libre les vieux articles de journaux à la recherche des plus grands désastres qui ont frappé les Etats-Unis. Il se met alors en quête d'éventuels survivants, mais y parvient rarement. Le cas de David Dunn attire alors son attention et les deux hommes se rencontrent.
Blinding Edge
Un don surnaturel ?
Pour Elijah, tout les oppose ; lui est fragile comme le verre et David est véritablement incassable. De manière quasiment surnaturelle, il est capable de soulever un poids phénoménal aux haltères et possède une sorte d'intuition qui lui permet de déceler les intentions malsaines chez les gens.
C'est grâce à cela qu'il parvient à suivre un employé de gare ayant séquestré de pauvres victimes. David parvient à les secourir, neutralisant le criminel vêtu de son ciré vert, marque de fabrique du personnage. Après ces événements, Elijah finira par dévoiler son vrai visage ; sous le masque d'une vulnérable personne handicapée se cachait un véritable psychopathe. Il dévoile ainsi à un David horrifié son plan maléfique pour le trouver.
Afin de dénicher une personne qui serait l'unique survivant d'une catastrophe, Elijah les provoquait lui-même, n'hésitant pas à causer des milliers de victimes. Cette découverte, rythmée par la musique lancinante de James Newton Howard, nous prend aux tripes et nous secoue les entrailles.
Celui qu'on avait pris de pitié pendant tout le film se révélait être un ignoble terroriste, prêt à tout pour retrouver son opposé. Pour Elijah, David est donc le super-héros de l'histoire et lui-même n'est autre que le super-vilain. Ce twist final, d'une noirceur hallucinante, laisse le spectateur scotché à son siège. Encore plus percutant que celui de Sixième Sens, il est spectaculaire de par son audace, son originalité et sa dimension subversive.
Blinding Edge
Un dénouement frappant
En effet, Shyamalan s'est amusé avec nous tout le long du film, nous laissant nous prendre d'affection pour le personnage d'Elijah. Il lui a même consacré la scène d'ouverture du film, d'une redoutable efficacité et qui a le mérite de marquer les esprits. On y voit une mère qui vient d'accoucher, son bébé en train de pleurer dans ses bras.
Rapidement, on se rend compte qu'il y a un problème avec l'enfant. Un médecin arrive pour l'examiner ; son visage se décompose immédiatement quand il pose ses mains sur le nourrisson. Ce bébé a les bras et les jambes cassés. En quelques minutes, on nous présente Elijah et on ne peut que compatir à son sort dès le début.
Shyamalan a procédé ainsi afin que nous puissions nous identifier plus fortement au personnage pour mieux nous briser lors de son twist final. Grâce à cela, le metteur en scène nous interroge sur nos sentiments et notre compréhension des personnes comme Elijah. Il nous fait compatir à ses souffrances pour mieux nous faire comprendre de l'intérieur les motivations qui ont poussé ce "super-vilain" à agir.
Incassable contient la meilleure performance jamais livrée par Bruce Willis, je le trouve absolument génial.
Par ailleurs, Quentin Tarantino lui-même loue les qualités du long-métrage de Shyamalan : "Incassable contient la meilleure performance jamais livrée par Bruce Willis, je le trouve absolument génial dans ce film. Incassable, qui est une brillante relecture de la mythologie de Superman, est l'un des chefs-d'oeuvre de notre époque", a-t-il confié au micro de Sky Movies.
17 ans après, le réalisateur surprendra tout le monde avec Split, qui se révèlera être une suite d'Incassable. On se souvient tous avoir été complètement choqués de voir David Dunn (Bruce Willis) apparaître à la toute fin. Le cinéaste bouclera ensuite la trilogie avec Glass en 2019. Et vous, vous pensez aussi qu'Incassable est l'un des meilleurs films de Shyamalan, si ce n'est le meilleur ? On vous laisse en débattre !
