Non, l’histoire de Beth Harmon jouée par l’intrigante Anya Taylor-Joy dans Le Jeu de la dame n’est pas une histoire vraie. Derrière la série primée aux Golden Globes et adulée par le public, il y a le roman éponyme écrit par l’écrivain américain Walter Tevis.
Lui-même amateur d’échecs, il a imaginé de toutes pièces la vie de son héroïne dont la passion pour les échecs s’éveille lors de son enfance dans un orphelinat. Mais une partie de l’enfance de Beth est inspirée de la vie personnelle de l’auteur, comme il le révélait dans une interview accordée au New York Times en 1983 :
"Je suis né à San Francisco. Quand j'étais jeune, on m'a diagnostiqué une valvulopathie cardiaque et on m'a administré de fortes doses de médicaments dans un hôpital. C'est de là que vient la dépendance à la drogue de Beth dans le roman. Ecrire à son sujet était cathartique. Il y avait de la douleur – j’ai beaucoup rêvé en écrivant cette partie de l'histoire. Mais artistiquement, je ne me suis pas permis d'être indulgent envers moi-même."
Une traduction tardive
Paru en 1983 aux Etats-Unis, Le Jeu de la dame n’a été traduit qu’en 1990 en France. Il n’a jamais été un best-seller, et l’œuvre est même restée indisponible pendant presque 20 ans. Il y a deux ans, l’éditeur Oliver Gallmeister hésite à s’engager lorsqu’on lui propose de racheter les droits de Walter Tevis.
Heureusement, l’agent de l’auteur – qui est décédé en 1984 – lui rappelle que Walter Tevis est déjà à l’origine de nombreux livres qui ont donné des succès au cinéma : L’Arnaqueur qui a donné son titre au film avec Paul Newman, sa suite intitulée La Couleur de l’argent, adaptée par Martin Scorsese avec Tom Cruise et toujours avec Paul Newman dans le rôle de "Fast Eddie" ; et L’Homme qui venait d’ailleurs qui a donné le film avec David Bowie.
"Quand on a vu le phénomène monter, on a décidé d'avancer la sortie du livre prévue pour mai et on s'est mis à bosser comme des fous", a confié l’éditeur à nos confrères du Parisien. "On avait prévu un premier tirage à 15 000 exemplaires, ce qui est déjà beaucoup. Et quand on a reçu les premières commandes, c'était de la folie. On a décidé de passer à un tirage de 70 000 exemplaires et on a dû avancer la sortie du roman au 12 mars !"
Et après avoir négocié avec Netflix pour avoir une couverture qui reprend l’affiche de la série avec la pastille "une série originale Netflix", voilà le livre dans les meilleures dispositions pour atteindre la tête des ventes… Il s'est d'ailleurs déjà vendu à 40 000 exemplaires en seulement trois semaines !