DE QUOI ÇA PARLE ?
Marla Grayson est une tutrice réputée spécialisée auprès d'individus âgés et riches. Aux dépens de ces derniers, elle mène une vie de luxe. Mais sa prochaine victime s'avère avoir de dangereux secrets. Marla va devoir utiliser son esprit et sa ruse si elle souhaite rester en vie.
C’EST AVEC QUI ?
Réalisé par J Blakeson – qui s’était fait remarquer avec le thriller très réussi La Disparition d’Alice Creed (2010) avec Gemma Arterton – I Care a Lot s’appuie sur un casting aussi convaincant qu’inattendu. Dans la peau de Marla Grayson, Rosamund Pike tient le premier rôle de ce film présenté en septembre dernier au Festival de Toronto. Face à elle, on retrouve l’excellente Dianne Wiest (la mère de Johnny Depp dans Edward aux mains d’argent) en femme âgée abusée par Marla et Peter Dinklage, dans un rôle de parrain de la mafia, très loin de Tyrion Lannister.
ÇA VAUT LE COUP D’ŒIL ?
Sujet rarement abordé au cinéma, le troisième âge et le sort qui lui est réservé dans les maisons de retraite ne figurent pas vraiment dans le top des listes des recettes qui marchent… Et pourtant ! Le film de J Blakeson décortique ici, avec un cynisme à faire frissonner, le business autour de l’exploitation outrancière de nos aînés. C’est tout un système qui est cloué au pilori et ses protagonistes : tuteurs légaux, médecins, directeurs de maison de retraite… tous sont pointés du doigt pour mettre au jour l'hypocrisie et surtout la malveillance à l’œuvre. D’ailleurs, le titre du film annonce la couleur avec cette emphase « I care a lot », signifiant « je me fais beaucoup de souci, je suis très attaché.e à » faisant croire à une charité bien dirigée alors qu’on a affaire à une louve déguisée en agneau.
Au centre de ce jeu malsain, la louve Rosamund Pike compose un personnage fascinant de cupidité et de malhonnêteté. Sous ses dehors de femme bien sous tous rapports, le carré millimétré et le look tiré à quatre épingles, elle use et abuse de ses airs de sainte pour jouer les fossoyeuses sans vergogne. Elle n’a pas son pareil pour repérer les personnes isolées et fortunées, pour subvenir ainsi à son train de vie fastueux. Derrière son sourire de façade, se révèlent un instinct carnassier et une volonté jusqu’au-boutiste de ne jamais céder face à l’adversité.
Justement parce qu’elle est une femme, et donc une proie selon les préjugés d’une société patriarcale, elle a à cœur de se comporter en prédatrice. Et tant pis si l’adversité, quand elle se présente à elle, est incarnée par un dangereux parrain de la mafia… dans une composition magistrale de Peter Dinklage. On ne dévoilera pas ici pourquoi ni comment ces deux personnages deviennent antagonistes, mais on peut avouer que l’on jubile de voir ces deux têtes de mule – à tendance psychopathique – se faire face dans un duel impitoyable. On passe rapidement sur l’enchaînement abracadabrantesque des évènements pour ne retenir que la performance d’acteurs lorsque ce thriller vire à la comédie noire et déjantée.
Scènes cocasses et humour ravageur composent le dernier tiers du film suscitant souvent l’hilarité autant que l’effarement. La fin, un peu convenue, aurait mérité d’être plus percutante mais on retient avant tout le panache qui parcourt le film.