Dans OVNI(s), vous incarnez Elise Conti, une astrophycisienne. Avec son ex-époux, ils sont un présentés comme les "Pierre et Marie Curie de l'espace"...
Géraldine Pailhas : J'espère que les Curie ont fait moins de conneries que Didier et Elise ! (rires)
Bien qu'ils soient divorcés, Elise continue de travailler avec son ex-mari. Comment avez-vous approché ce personnage, très indépendant et un paraît un peu avant-gardiste dans la France des années 1970 ?
Je l'ai approchée avec joie ! C'est agréable d'incarner un personnage comme celui-là, marqué dans cette époque, parce qu'on se souvient que c'est autour de ces années-là que les femmes ont commencé à réussir à faire entendre leur voix. Mon personnage est l'héritière directe de ces femmes qui ont ouvert la voie, mais en même temps nous assistons au monde tel qu'il est au moment où elle y vit. Tout est extrêmement verrouillé, et ce n'est pas parce qu'elle a un poste important et qu'elle a réussi à accéder à certaines choses que les hommes autour d'elle ont compris qu'il fallait laisser de la place aux femmes. La série est un peu précurseuse par rapport à l'époque dans laquelle elle se situe, en traitant Elise comme une héroïne qui n'est pas une simple mère au foyer que la femme des années 1970 incarne souvent dans les films qu'on a tous vus enfant. Elle est affranchie, et son combat est là, mais il y a quand même de l'humour chez elle, sans férocité. Elle a une façon assez habile et diplomate de se faire entendre, et elle y arrive plutôt bien. Elle rappelle gentiment aux gens qui l'appellent Madame Mathure qu'elle est autre chose que la secrétaire de son mari. Et nous savons, en tant que spectateurs, qu'elle est bien plus brillante que lui ! (rires)
En mêlant science-fiction et comédie, OVNI(s) dénote dans le paysage des séries françaises. Qu'est-ce qui vous a séduit dans le projet ?
J'étais en vacances quand j'ai reçu le projet, j'avais une journée pour lire les douze épisodes, je rentrais en France pour une soirée. J'ai rencontré le metteur en scène, Antony Cordier, puis je repartais aux Etats-Unis le lendemain. Il y a eu un mélange de coup de foudre simultané entre le projet, le rôle, le réalisateur et moi. Il n'y avait aucun doute que je devais faire partie de cette aventure ! Cette série m'enchante, elle mêle énormément de choses que j'aime car je suis très fan de genre depuis l'enfance, j'y ai toujours été attirée, notamment vers le fantastique. Et le genre mêlée à la comédie et au burlesque, c'est quelque chose que je n'ai pas eu l'occasion d'aborder, et c'est très réjouissant. J'adorais aussi l'idée de jouer avec Melvil Poupaud, qui est pour moi une sorte d'alter ego dans le métier en version masculine. Je me suis souvent demandée pourquoi on ne nous associait pas, d'autant plus qu'on a tous les deux travaillés avec des réalisateurs similaires, et qui sont des amis communs. C'est comme si on venait un peu de la même bande, on a le même âge, on est extrêmement juvéniles pour de vieux quarantenaires. (rires) Pour moi, c'est une excellente idée de nous avoir associés à l'écran ! Je le trouve absolument génial dans la série, c'est Louis de Funès !
Avez-vous des séries ou des films de prédilection, dans la science-fiction ou le fantastique, que vous associez à cette époque-là ?
J'ai lu H.G. Wells, La Guerre des mondes, mais aussi du Jules Verne, du Conan Doyle, du Philip K. Dick, j'aime vraiment beaucoup ça. Au cinéma, à l'époque les films de genre étaient interdits aux moins de 13 ans, donc dès que j'ai eu l'âge requis je suis allée voir les films qui passaient au festival fantastique d'Avoriaz, et j'ai découvert le cinéma de genre avec Blue Velvet, avec La Mouche de Cronenberg, mais aussi Kubrick, Cameron, ou même Terminator. Je suis aussi extrêmement sensible aux films de vampires : mes personnages fétiches dans mon panthéon ce sont eux.
La série se déroule à la fin des années 1970, et un vrai soin est apporté aux décors et à la reconstitution de cette époque. Il y a une vraie esthétique rétro-kitsch.
Oui, et je crois que ça ne s'est pas fait avec beaucoup de moyens. Le costumier, Pierre Canitrot, est vraiment super. Il a un vrai goût pour la mode, il arrive à casser ça quand il fait des films mais ça subsiste, et ça donne un petit twist, un petit côté comédie musicale qui vient se greffer là-dedans. Et à la déco, se sont deux belges, Eugénie Collet et Florence Vercheval, qui sont extrêmement talentueuses. Tout ça, aidé de quelques bâtiments à l'identité visuelle forte, ça m'a enchantée. Je venais de voir Chernobyl au moment où je tournais, et cette esthétique un peu post-nucléaire m'a beaucoup marquée !
Par rapport à cette fascination pour les OVNIS à cette époque, pensez-vous qu'il existe quelque chose ailleurs ?
Je ne pense pas, en tout cas pas dans cette galaxie, je pense qu'on a fait à peu près le tour. Maintenant, il y a une idée assez dingue dans les trois premiers épisodes de la série, et où là scientifiquement parlant on peut se dire que c'est pas totalement idiot ! Mais sinon, sous forme de bactérie, il me semble que dans notre galaxie on a fait le tour. Mais peut-être pas !