Hollywood et sa valse des réalisateurs. Dans le monde impitoyable du 7ème art, ces derniers peuvent être écartés d'un projet aussi vite qu’ils ont été choisis par les studios, quand ce ne sont pas eux qui quittent le navire en raison de différends artistiques. En témoigne la mise en production du troisième volet de la saga Mission Impossible.
Forts du succès des deux premiers opus respectivement signés Brian de Palma et John Woo, Tom Cruise et la Paramount se mettent en quête d'un nouveau cinéaste pour piloter ce Mission Impossible III. Et très vite jettent leur dévolu sur David Fincher, le vent en poupe depuis la sortie du mythique Seven. Or, celui-ci n'est pas du genre à se faire facilement apprivoiser et garde une mauvaise expérience des blockbusters. Sa confrontation avec la Fox sur Alien 3 (1992) lui a laissé un goût pour le moins amer.
Malgré tout, le metteur en scène accepte le défi, s'imaginant aux commandes d'un opus plus sombre que les précédents. Il souhaite ainsi développer une intrigue autour d’un trafic d’organes en Afrique et envisage même de faire de Sylvester Stallone le grand méchant du film. De quoi rendre le projet encore plus alléchant. Mais voilà, Tom Cruise ne partage pas cette vision proposée par Fincher. Et ce dernier n'entend pas se plier aux exigences de la star.
A MTV, le metteur en scène confiera : "Le problème avec les épisodes 3, c'est que ceux qui les financent sont des experts quant à ce qu'il faut faire et la façon d'y parvenir. […] Quand vous possédez une telle franchise, vous voulez vous débarrasser des avis extérieurs [...] Mais vous ne m'entendrez jamais dire "Faisons ce qui est le plus confortable pour vous." Il n’aura pas à regretter son choix, enchaînant quelque temps après avec la mise en chantier de l'excellent thriller Zodiac (2007), notamment interprété par Robert Downey Jr. et Jake Gyllenhaal.
CARRIE-ANNE MOSS ET KENNETH BRANAGH EGALEMENT PRESSENTIS
Exit Fincher, c'est au tour de Joe Carnahan d'entrer dans la danse. En 2003, celui-ci a signé l'excellent polar Narc... produit par Tom Cruise. Grande gueule - on se rappellera de ses divergences artistiques quelques années plus tard sur le remake Death Wish - il a du mal lui aussi à composer avec l'égo de l'acteur risque-tout. Comme il le raconte dans cette interview passionnante, il se trouve écarté du projet après quinze mois de travail. Il filmera même son départ, convaincu que cet événement marque là la fin de sa carrière.
A cette époque doivent figurer au casting : Carrie-Anne Moss, dont le rôle sera finalement supprimé, Kenneth Branagh (remplacé par Philip Seymour Hoffman), Scarlett Johansson (remplacée par Keri Russell) ou encore Ricky Gervais (remplacé par Simon Pegg). Le tournage est repoussé en 2005 - le temps pour Tom Cruise de s'illustrer dans les très efficaces Collatéral et Guerre des mondes - et se déroule sous la houlette d'un certain J.J. Abrams, qui n’avait jusqu'alors pas réalisé de long métrage. Il était surtout connu pour être le créateur de trois séries télévisées à succès dont Alias qui avait particulièrement enthousiasmé l'acteur producteur.
La suite, on la connaît. Sorti en 2006 et générant 398 millions de dollars dans le monde, Mission Impossible III renouvellera véritablement la franchise. Et ce en réinsufflant un esprit troupier qui faisait cruellement défaut dans le deuxième épisode et en délivrant à un rythme effréné des morceaux de bravoure désormais gravés dans les mémoires.
LES PETITS DETAILS DE MI3