Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ, sorti le 6 octobre 1982, était un véritable événement cinématographique à l'époque. Avec 4,6 millions de spectateurs en salles, la comédie est le 3ème plus gros succès de l'année derrière E.T. de Spielberg et L'As des as de Gérard Oury.
Le film détient également le record de diffusions à la télévision avec une trentaine de passages. Depuis 2008, il a connu 17 rediffusions. À noter aussi que l'oeuvre était un des trois films français les plus chers de l'année 82. Cette super-production a dû engager une triple équipe technique française, italienne et tunisienne pour mener à bien le projet. Le long-métrage a nécessité un an et demi de préparation et quinze semaines de tournage.
Ce dernier n'a d'ailleurs pas été de tout repos pour le réalisateur Jean Yanne. Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ est son 6ème long-métrage et ses tournages se font toujours dans une ambiance détendue, voire potache, indique le journaliste Bertrand Dicale dans son livre, Jean Yanne à rebrousse-poil. Toutefois, l'artiste va avoir fort à faire avec la personnalité de Coluche, le comique étant réputé ingérable.
L'humoriste a du mal à sortir de son personnage de scène sur ses tournages et l'attitude fantaisiste de ce dernier agace fortement Jean Yanne. Le réalisateur tente de composer avec ce côté loufoque mais n'aime pas multiplier les prises ni se la jouer autoritaire pour faire régner l'ordre. Yanne fait de son mieux pour gérer le comique mais le décalage avec ses partenaires se fait ressentir. Coluche, facétieux, n'hésite pas à mettre de l'huile sur le feu, blaguant notamment sur le fossé générationnel entre lui et son metteur en scène.
L'attitude de l'acteur jette une ambiance délétère sur le tournage, Coluche se débattant également à ce moment-là contre une addiction à l'alcool et la drogue, ce qui n'arrange pas les choses. Le comédien est aussi très fragile psychologiquement en raison de sa séparation avec sa femme. Lors des prises de vues en Tunisie, la production lui a loué une maison dans laquelle tous les excès sont permis. Avec ses amis, Coluche s'en donne à coeur joie, ce qui n'est pas du goût de Jean Yanne, qui exècre l'indiscipline de son acteur.
Une grande tension règne entre eux tout au long du tournage, seulement apaisée par la bonne relation entre Coluche et Michel Serrault. Ce dernier jouera un peu le rôle de médiateur entre le cinéaste et le comique, permettant aux deux hommes de ne pas en venir aux mains. Plusieurs fois, ceux-ci ont en effet failli se battre tant ils ne se supportaient pas. Finalement, le film connaîtra le succès que l'on connaît et consacrera l'humoriste comme le digne héritier de Louis de Funès au sein de la comédie française, aux côtés de Pierre Richard.
Source : Jean Yanne à rebrousse-poil de Bertrand Dicale, First Document.