Cartouche s'inspire de la vie de Louis Dominique Garthausen, surnommé Cartouche, brigand puis chef de bande, qui sévit à Paris au début du XVIIIème siècle, sous la Régence. Sorti en 1962, le long-métrage modernise les films de cape et d'épée, genre très populaire dans la France de l'après-guerre avec des œuvres comme Fanfan la Tulipe ou Le Bossu. Il marque aussi la première des six collaborations entre le réalisateur Philippe de Broca et le comédien Jean-Paul Belmondo, interprète du rôle-titre.
Mais le duo était déjà en lice deux ans plus tôt pour un autre film de cape et d'épée : une adaptation des Trois Mousquetaires d'Alexandre Dumas. Les producteurs Alexandre Mnouchkine et Georges Dancigers réunissent pour ce projet de Broca à la réalisation, Belmondo dans le rôle de d'Artagnan – personnage qu'il a déjà incarné dans le téléfilm de Claude Barma en 1959 –, ainsi que Charles Aznavour, Alain Delon, Jean-Claude Brialy et Sophia Loren.
Mais le projet se fait damer le pion au même moment par Raymond Borderie, qui vise aussi cette adaptation et envisage d'en confier la mise en scène à son fils, Bernard, futur réalisateur de la saga des Angélique. Fernandel, dans le rôle de Planchet, le valet de D'Artagnan, est annoncé au casting. Moins prestigieux, c'est pourtant ce film qui prend l'avantage. Raymond Borderie propose même à ses concurrents de s'allier mais Mnouchkine et Dancigers refusent et abandonnent leur idée.
Un mal pour un bien : de Broca soumet à ses producteurs l'idée d'une autre production du même genre, avec Belmondo en héros : Cartouche. Quant à Borderie, il réalise en 1961 Les Trois Mousquetaires : Les Ferrets de la reine et La Vengeance de Milady avec Gérard Barray, Guy Delorme, Mylène Demongeot et finalement Jean Carmet dans le rôle de Planchet.
Source : Ça tourne mal ! L'histoire tumultueuse et méconnue du cinéma français, Philippe Lombard, Editions La Tengo.