Pour beaucoup, en cette période un peu spéciale rythmée par le coronavirus, confinement rime avec écrans. C'est l'occasion de découvrir des films, de binge-watcher des séries, de rattraper des pépites à côté desquelles on serait passé par manque de temps. Cela tombe bien, cet après-midi, Canal+ diffuse l'une des meilleures comédies françaises de 2019 : La Lutte des classes, un film de Michel Leclerc, qui s'était notamment illustré en 2010 avec l'excellent Le Nom des Gens. Le scénario, écrit avec sa partenaire Baya Kasmi, qui est aussi sa compagne, a été inspiré par une situation qu'ils ont vraiment traversée avec leur fils.
Pour interpréter cette histoire, ils ont choisi Edouard Baer et Leïla Bekhti, qui jouent Sofia, brillante avocate d’origine magrébine ayant grandi dans une cité proche et Paul, batteur punk-rock et anar dans l’âme. Sofia et Paul emménagent dans une petite maison de banlieue. Comme tous les parents, ils veulent le meilleur pour leur fils Corentin, élève à Jean Jaurès, l’école primaire du quartier. Mais lorsque tous ses copains désertent l’école publique pour l’institution catholique Saint Benoît, Corentin se sent seul. Comment rester fidèle à l'école républicaine quand votre enfant ne veut plus y mettre les pieds ? Pris en étau entre leurs valeurs et leurs inquiétudes parentales, le couple formé par Sofia et Paul est mis à rude épreuve.
Si au premier abord on pouvait avoir des doutes quant à la crédibilité du duo Edouard Baer/Leïla Bekhti, ils sont très vite dissipés : Sofia et Paul sont charmants et la famille qu'ils forment avec la fille de Paul et leur fils Corentin est extrêmement attachante. On se prend d'affection pour cette famille un peu dysfonctionnelle, parfois bancale, mais toujours sympathique, en prise avec ses propres contradictions. Sans aucun cysnisme et avec une grande tendresse pour ses personnages, Michel Leclerc s'intéresse une nouvelle fois aux contraductions de la gauche et signifie son attachement à l'Ecole de la République, incarnée dans le film par un Ramzy Bedia en grande forme qui campe le directeur de l'école de Corentin, et Baya Kasmi, drôlissime en enseignante lunaire dépassée par les événements.
Autour d'une intrigue assez simple - est-ce qu'on change Corentin d'école ou non ? - vient s'agglomérer un joyeux bordel de situations loufoques (mention spéciale à la scène où la directrice de l'école privée jouée par Claudia Tagbo lance le clip de Paul "J'encule le Pape" en plein entretien de préinscription), de dialogues piquants et de moments de franche émotion qui tiennent à la sincérité de l'ensemble. Il en résulte une très jolie comédie sociale, intelligente et authentique, qui se savoure avec un plaisir véritable.
La bande-annonce de La Lutte des classes :