Pour The Laundromat, sorti sur Netflix ce vendredi 18 octobre, Steven Soderbergh s’est attaqué à l’affaire des Panama Papers. Tandis que Meryl Streep est Ellen Martin, une femme imaginée pour les besoins du film, qui met la lumière sur ce scandale à la suite d’une fraude à l’assurance, Antonio Banderas et Gary Oldman revêtent quant à eux les costumes de deux hommes bien réels : Ramon Fonseca et Jürgen Mossack. S’adressant directement aux spectateurs, les deux acteurs expliquent leur rôle dans l’affaire. Que vous ayez vu ou non The Laundromat, voici de quoi vous y retrouver dans le tourbillon des Panama Papers.
De quoi on parle ?
Un scandale d’évasion fiscale et de blanchiment d’argent.
Pourquoi le nom “Panama Papers” ?
Panama Papers peut-être traduit par “documents panaméens”. C’est le nom qui a été donné à cette affaire par les journalistes l’ayant révélée.
Qu’est-ce qui a été révélé ?
Le 3 avril 2016 fuitent plus de 11,5 millions de documents confidentiels issus du cabinet Mossack Fonseca. Ils dévoilent que des personnalités ont placé leurs actifs au Panama, pays qui ne répond pas aux lois fiscales internationales, au moyen de ce que l’on appelle des sociétés offshore. Ces entreprises sont ouvertes dans un autre pays que celui où l’on paie ses impôts. Si cette pratique est légale et relève du montage financier, elle est aussi suspecte puisqu’elle rend possible le fait de blanchir de l’argent et/ou de frauder le fisc. Et lorsque ces sociétés n’existent que sur le papier, et ne servent donc à rien d’autre qu’à dissimuler ces actifs, elles sont appelées sociétés écran. C’est là qu’entre en scène le cabinet Mossack Fonseca dont il est question dans The Laundromat : L’affaire des Panama Papers, qui fournit une adresse au Panama et qui administre ces entreprises sans activité ni employés.
Qui sont Ramon Fonseca (Antonio Banderas) et Jürgen Mossack (Gary Oldman) ?
Incarnés à l’écran par Antonio Banderas et Gary Oldman, Ramon Fonseca et Jürgen Mossack sont les deux dirigeants de Mossack Fonseca : un cabinet d’avocats panaméen comptant plus de 500 employés. C’est l’un des leaders dans la création de sociétés offshore. Ce sont ces deux avocats qui ont aidé leurs clients à dissimuler leur argent dans des sociétés écran. Le 3 avril 2016, ils ont donc vu fuiter d’importants documents confidentiels, concernant 214 000 sociétés. À la fin du film, Fonseca - sous les traits d’Antonio Banderas - lance : “Mossack Foseca n’existe plus. Mais il reste beaucoup de cabinets tels que les nôtres, toujours en plein essor, aux quatre coins du monde.” Dans la réalité, Mossack Fonseca a effectivement fermé ses activités en mars 2018. Le duo évoque les “dommages irréparables” que l’éclatement de l’affaire a causés à leur réputation. Bien décidée à coopérer avec les autorités pour “démontrer qu’aucune infraction n’a été commise”, la firme continue à réclamer justice. Ramon Fonseca et Jürgen Mossack ont d’ailleurs entamé une action en diffamation contre Netflix afin d’interdire la sortie de The Laundromat : L’affaire des Panama Papers. (edit du 18/10/2019 : la justice a refusé de bloquer la sortie du film, selon Variety.)
Quelles personnalités sont citées dans les Panama Papers ?
L’affaire des Panama Papers a éclaboussé de très grands noms, notamment en politique. Le premier ministre anglais David Cameron, ainsi que son homologue islandais Sigmundur Davíð Gunnlaugsson (qui a donné sa démission après les révélations) ont été cités, tout comme le président de l’Argentine, des Emirats arabes unis, de l’Islande, du Pakistan et de l’Ukraine, mais aussi les membres du Parti communiste chinois (dont il est question dans le film), ainsi que le roi d’Arabie saoudite (pour ne citer qu’eux…). Du côté des Français, on pouvait lire les noms de Balkany, Cahuzac, Gérald Gérin (l’homme de confiance de Jean-Marie Le Pen), ou encore Michel Platini dans les fichiers.
Qui a fait fuiter les documents ?
En 2015, un anonyme se faisant appeler John Doe transmet des données au quotidien allemand Süddeutsche. Elles concernent les sociétés créées et administrées par Mossack Fonseca. Il faudra donc un an pour que 350 journalistes de 80 pays recoupent toutes les informations et fassent éclater l’affaire au grand jour. Encore aujourd’hui, personne ne connaît l’identité de ce fameux John Doe. Les toutes dernières minutes de The Laundromat - qui prennent place dans un remarquable plan-séquence - mettent en images le manifeste du lanceur d’alerte.