Heat - Sortie le 21 février 1996
De Michael Mann avec Al Pacino, Robert De Niro, Val Kilmer
DE QUOI ÇA PARLE ?
La bande de Neil McCauley à laquelle est venu se greffer Waingro, une nouvelle recrue, attaque un fourgon blindé pour s'emparer d'une somme importante en obligations. Cependant, ce dernier tue froidement l'un des convoyeurs et Chris Shiherlis se retrouve obligé de "terminer le travail". Neil tente d'éliminer Waingro, mais celui-ci parvient à s'échapper. Parallèlement, le lieutenant Vincent Hanna mène l'enquête...
UNE SÉQUENCE D'ANTHOLOGIE
La fameuse scène du gunfight, d'une virtuosité implacable, a marqué une génération de spectateurs. D'une intensité incandescente, la séquence est d'une rare puissance, aussi violente que percutante. Le réalisme de la scène a inspiré les instructeurs des U.S. Marines ; ils montraient en effet aux nouvelles recrues la fusillade dans le but de leur initier la manière de battre en retraite dans le cas où ils se trouveraient sous le feu nourri de l'ennemi.
Lumière 2017 : la masterclass de Michael Mann sur Heat, son chef-d'oeuvreElle a également suscité une vocation de braqueur de banques ; en 1996, à Montluçon, dans le centre de la France, Rémy Gardien s'inspire de Heat et de la célèbre scène de la fusillade pour son propre méfait. Après avoir dérobé plus de 50.000 francs à l'époque, le malfaiteur avait pris la poudre d'escampette. Il n'a été arrêté qu'en 2003 lors de la ré-ouverture de l'enquête.
C'est à ce moment-là qu'il avouera que Heat l'a inspiré pour son crime. À noter que le morceau de musique accompagnant la séquence, intitulé Force Maker, a été composée par le musicien britannique Brian Eno, connu notamment pour ses collaborations avec U2 et David Bowie.
Récemment l'invité du Festival Lumière de Lyon, Michael Mann en a profité pour donner une masterclass au sujet de son chef-d'oeuvre :
"Heat serait très difficile à faire aujourd'hui." À l'époque, en revanche, les choses se sont passées assez simplement, se souvient le metteur en scène :
"Le seul problème que j'ai eu, c'était la durée. J'ai appris plus tard que les boss de la Warner avaient joué à pile ou face pour savoir qui devrait m'annoncer qu'il faudrait couper une demi-heure de film. Sauf qu'ils avaient pris cette décision avant même de voir le film. Il y avait une grande projection, ils ont vu le film et ils ont dit : 'Ok, ce sera un film de 2h35.' De manière générale, c'était une sorte de hold-up, car tout était déjà prêt. J'avais le scénario, De Niro, Pacino et on s'est présentés au studio en leur disant : 'Voilà ce que le film va coûter, voilà le casting...' Ils ont donné leur feu vert et quand on est partis, on a entendu des hurlements en provenance du bureau d'où on sortait. Quand je les ai appelés pour savoir ce qui s'était passé, ils m'ont dit : 'Ne refaites plus jamais ça, ne nous présentez plus jamais un projet où tout est déjà fait et où on ne contrôle plus rien.'"
Dernière petite anecdote savoureuse au sujet d'Al Pacino : dans le script original, Vincent Hanna, le personnage campé par Pacino, devait être accro à la cocaïne. Finalement, Michael Mann ne retiendra pas cela dans la version finale du film. Toutefois, l'acteur a tenu malgré tout à garder cet aspect du personnage dans son jeu en paraissant souvent survolté, électrique et excité.