Quel est le point commun entre Il était une fois dans l'Ouest, The Dark Knight, La La Land ou Le Seigneur des Anneaux ? Ces films possèdent des scènes d'ouverture saisissantes, marquantes voire carrément mythiques qui méritent que l'on s'y attarde. Et si Steven Spielberg avait frappé les spectateurs en plein cœur avec cette introduction, celle d'un autre de ses films est devenue un classique indémodable.
Dans la mer, un homme saoul ne vous entendra pas crier
L'ouverture des Dents de la mer est exemplaire. Après un générique en vue subjective du requin nageant au niveau des fonds marins, le spectateur est invité à une fête sur la plage. Les joints de cannabis et les baisers s'échangent dans un "peace and love" ambiant parfaitement détendu.
Mais un homme légèrement aviné repère une femme un peu à part de la soirée. On n'entend pas ce qu'ils se disent, mais Chrissie (Susan Backlinie) part en courant pour aller se baigner, suivie par l'homme. Saoul mais se défendant de l'être, ce dernier suit tant bien que mal la jeune femme mais, arrivé sur la plage, est assommé d'alcool et décide de s'y reposer, laissant Chrissie nager seule. Monumentale erreur !
Après nous avoir filmé l'actrice par le dessous avec la musique stressante de John Williams que l'on associe immédiatement au son d'arrivée du requin, Spielberg choisit de la montrer ensuite en surface, mais secouée tel un fétu de paille par la bête, que l'on ne voit jamais.
En trois minutes et trente-six secondes, le réalisateur nous a exposé le danger qui rôde, montré le modus operandi de la bête, donné son thème musical afin que nous sachions quand elle approche et situé que l'action se déroule de nos jours. Une efficacité implacable pour un cinéaste qui signe alors seulement son deuxième long métrage. Chapeau, ou plutôt, dans le cas de Spielberg, casquette !