Que l'on évoque la déroutante introduction du Retour du Roi, la poignante ouverture de La Liste de Schindler ou l'iconique prologue d'Il était une fois dans l'Ouest, les exemples ne manquent pas lorsqu'il s'agit de lister des oeuvres qui ont marqué le cinéma dès leurs premières minutes.
En effet, si certains films prennent leur temps pour engager le dialogue avec leur spectateur, d'autres prennent le parti de les interpeller dès le départ, de les bousculer d'entrée de jeu, de les forcer à se redresser un peu dans leur confortable fauteuil rouge dès que les lumières s'éteignent.
Les 4 premières minutes du film
La La Land, réalisé par Damien Chazelle en 2016, est de ceux-là. Entre la scène délicieusement romantique de la rencontre entre ses deux protagonistes, celle de leur poétique visite au planétarium et le magistral épilogue du film, les belles surprises qui attendent le public sont nombreuses dans le long métrage de Chazelle.
Mais parmi ces instants d'anthologie, on retiendra notamment les 4 premières minutes du film, qui assènent immédiatement un uppercut artistique au spectateur et qui donnent tout de suite le ton. En véritable amoureux des comédies musicales qu'il a toujours été, Chazelle choisit de bâtir une séquence d'ouverture à la hauteur des oeuvres qui ont bercé ses propres souvenirs de cinéphile.
La La Land débute sur le périphérique de Los Angeles, sous un soleil de plomb, alors que des centaines de voitures à l'arrêt klaxonnent les unes sur les autres et que se mêlent dans une cacophonie collective les chansons de nombreuses autoradios.
SND
Un plan-séquence ?
Soudain, alors que quelques notes de piano recouvrent peu à peu le brouhaha et qu'une nouvelle musique s'installe, la caméra se dirige à la fenêtre d'une jeune femme, qui se met à chanter. Elle sort alors de sa voiture et débute une chorégraphie, progressivement imitée par tous les autres automobilistes.
La séquence qui suit, et au cours de laquelle la caméra ne cesse de virevolter entre les voitures et les danseurs, est tout simplement époustouflante. Rythmée par l'irrésistible chanson de Justin Hurwitz, la scène a tout d'un plan-séquence, même si elle se décompose en réalité en trois plans distincts (invisibles à l'oeil nu, mais indispensables pour que l'ombre portée de la grue passe inaperçue), ainsi que le révèlera Damien Chazelle en interview pour The Wrap.
Filmée directement sur l'autoroute de Los Angeles durant deux jours de tournage, la séquence a évidemment nécessité une préparation millimétrée.
"C'était une logistique hallucinante."
"C'était énormément de travail", a ainsi raconté la chorégraphe Mandy Moore dans le dossier de presse du film.
"Notre bureau était couvert de Post-it précisant les marques de chaque voiture, l'identité de chaque personne censée grimper sur tel ou tel véhicule, et les voitures qui devaient être renforcées. C'était une logistique hallucinante."
SND
Et le chef décorateur David Wasco d'ajouter :
"On a disposé d'un très bref laps de temps pendant lequel la police autoroutière de Californie a fermé l'autoroute et nous a permis de tourner cette séquence extrêmement complexe. Et comme par magie, tout s'est très bien passé."
Le résultat : l'une des scènes de danse les plus impressionnantes que l'on ait pu voir au cinéma depuis bien longtemps.
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