One Piece. Un monument de l’animation japonaise, tout comme le sont Dragon Ball Z ou Naruto. Ce manga lancé en 1997 par le jeune auteur Eiichiro Oda est toujours en cours de publication. On compte à l’heure où j’écris ces lignes 107 tomes (and counting). C’est dire la popularité de l'œuvre.
En 1999, la Toei Animation porte à l’écran les aventures de Luffy et de son équipage. En 2021, le cap du 1000ème épisode est dépassé. Et ni la Shueisha (qui publie les chapitres), ni Oda et ni les animateurs ne comptent s’arrêter là.
De la série Netflix à la série animée
Quand Netflix met en ligne en août 2023 son adaptation en live action, c’est un petit coup de cœur. J’accroche avec l’univers, riche et prometteur, les acteurs qui sont des fans hardcore, et le projet en général qui m’emporte totalement. Curieuse de découvrir la suite, et sans vouloir pour autant attendre deux ans la saison 2, je décide de me lancer dans l’anime. Sans savoir que cette aventure allait durer de longs mois et qu’elle me ferait passer par toutes les émotions.
Plus de 1000 épisodes, de 20 minutes environ, c’est beaucoup. Même si on retire les fillers (ceux qui servent à "remplir", pour éviter que l’anime ne rattrape le manga), il en reste un paquet à regarder. Il faut aussi être ouvert d’esprit : la qualité de l’animation en 1999 n’est pas la même que celle d’aujourd’hui. Ce n’est pas toujours beau à voir mais croyez-moi, on s’y fait très vite et cela évolue au fil des "saisons".
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Netflix travaille actuellement sur une nouvelle itération de l’anime, intitulée pour le moment The One Piece, avec des traits de dessin plus modernes.
toei
Une richesse et une intelligence rares
One Piece est découpé par saga (il y en a 11 à l’heure actuelle) puis par arc à l’intérieur. Chaque saga a son décor, sa saveur, son ambiance : des étendues désertiques d’Alabasta (que l’on verra dans la saison 2 de la série Netflix) aux fantômes de l’horrifique Thriller Bark en passant par le pays de Wano qui est une lettre d’amour à la culture japonaise. Eiichiro Oda puise son inspiration dans différents folklores (espagnol, italien, français…). Il nous offre une œuvre ultra référencée, autant pour les fans de manga que pour les néophytes comme moi.
Je me suis rarement ennuyée devant One Piece. Je lui ai seulement reproché la répétitivité de certains flashbacks (mais rien qu’un petit avance rapide ne puisse corriger), la durée de certains combats et les structures trop similaires d’une saga à une autre. Mais il y a toujours un épisode, une scène ou un personnage qui vient me cueillir, sans que je m’y attende.
Cela vient de la rigueur de son auteur (et plus globalement des mangaka japonais) qui sait où il va et qui s’applique, semaine après semaine, malgré sa fatigue. Un détail qui a été dessiné dans les premiers chapitres du manga peut prendre tout son sens des années après.
toei
Oda prend son temps mais dissémine sur son passage des indices qui viennent générer de multiples théories en vingt ans. Sa patience est telle qu’un antagoniste majeur (voire même le principal ?) n’est introduit que dans l’épisode 885 ?!!
Autre exemple : il faut attendre le 1071ème pour découvrir quel est véritablement le pouvoir de Luffy et quel est son rôle dans l’univers. Les révélations et autres retournements de situation font le sel de One Piece. Et quel pied ! Oui, il faut être patient pour avoir ces quelques bribes de réponses, mais le voyage en vaut la chandelle.
Une montagne russe émotionnelle
J’ai ri, beaucoup ri, en regardant One Piece. Ce n’est pas une chose que j’avais imaginée en lançant l’anime : la bêtise de son héros, la dérision de son auteur, les comiques de situation et de répétition (que j’adore).
Mais j’ai aussi été beaucoup émue. One Piece, ce n’est pas que l’histoire d’un jeune garçon qui veut devenir le Roi des pirates en mettant la main sur un trésor légendaire. Le manga et l’anime parlent surtout des rêves, de la volonté qu’on met pour y parvenir, de liberté (surtout contre l’oppresseur), mais aussi de racisme comme dans l’arc avec les hommes-poissons.
La diversité des personnages mis en scène et l’envie de l’auteur de mettre en avant toutes les facettes de l’être humain (au point de créer un pays génial avec uniquement des travestis) en font une œuvre internationale et intergénérationnelle.
D’ailleurs Oda n’est pas le genre d’auteur qui tue gratuitement ses personnages. C’est même arrivé assez rarement (et c’est toujours de très grands moments), car il préfère laisser les protagonistes vivre leur rêve. Une approche qui me touche tout particulièrement, à l’heure du sensationnalisme et du buzz pour faire exister une oeuvre.
toei
Résolument politique, profondément humaine
One Piece est aussi une œuvre résolument politique, profondément humaine et revigorante. Oda a imaginé un héros dont le large sourire n’est pas anodin. Il est celui qui apporte la joie dans le monde. Chacune de ses aventures, chacune de ses victoires et même ses défaites font du bien au cœur : on le voit se relever pour protéger ses amis, encore et encore. C’est la série parfaite à regarder quand on a un coup de mou ou qu’on a envie de se réfugier dans un univers qui nous fait du bien.
Il y a tant de choses à dire sur One Piece qu’un seul article ne suffirait pas. J’en ai vécu des moments épiques en six mois. Et ce qui est sûr, c’est que dans ma vie de sériephile je ne revivrai jamais une telle aventure.
L'anime One Piece est disponible dans son intégralité sur les plateformes ADN et Crunchyroll. Les deux premières sagas sont visibles sur Prime Video. Netflix propose le dernier arc à un rythme hebdomadaire.
