Le 1er octobre dernier, Le Figaro publiait une lettre ouverte de Gérard Depardieu dans laquelle ce dernier se défendait des accusations de violences sexuelles dont il fait l'objet, notamment celle de la jeune comédienne et danseuse Charlotte Arnould.
Cette dernière accuse l'acteur de l'avoir violée à deux reprises chez lui en 2018. Présumé innocent, Gérard Depardieu, est également accusé par 15 autres femmes de violences sexuelles.
Le magazine Elle vient de publier le témoignage de la comédienne Anouk Grinberg récemment vue au casting de L'innocent et La Nuit du 12. Elle explique s'être sentie obligée de témoigner et d'apporter son soutien à Charlotte Arnould.
Anouk Grinberg connaît personnellement Charlotte Arnould et a tourné avec le comédien dans Merci la vie en 1991 et dans Les Volets verts en 2020. Elle était la compagne du metteur en scène Bertrand Blier, avec lequel l'acteur a tourné à 9 reprises.
Tous ceux qui ont travaillé avec Depardieu dans le cinéma savent qu’il agresse les femmes.
Elle déclare ainsi au magazine : "Je ne peux plus me taire. Tous ceux qui ont travaillé avec Depardieu dans le cinéma savent qu’il agresse les femmes. Le silence de ce milieu est assourdissant, abaissant pour notre art et doit cesser".
Le magazine précise que de nombreuses personnalités du cinéma ont décliné leur demande d'entretien concernant "l'affaire Depardieu".
Pour Anouk Grinberg, la lettre ouverte de Gérard Depardieu est "une insulte pour les victimes qui souffrent à cause de ses comportements déviants." Selon elle, il s'agit d'"une stratégie de défense pour draguer la foule et en faire son alliée."
"Charlotte est seule face à tous. C'est pour tout cela qu'il faut qu'on avance en bande. C'est pourquoi je sors du bois", ajoute-t-elle avant de livrer un témoignage édifiant que voici.
"Je l'ai côtoyé toutes ces années où j'étais en couple avec Bertrand Blier et quand j'ai tourné avec lui Merci la vie. Depardieu faisait un peu partie de mon quotidien. Quand il dit dans cette lettre qu'il n'a jamais agressé une femme, moi, je l'ai vu faire pendant tout ce temps !
Verbalement, physiquement. Je l'ai vu mettre des mains aux fesses à des femmes, leur toucher les seins, le sexe tout en blaguant. Je l'ai entendu parler toute la journée de leur moule, de comment il aimerait les sucer. Toute la journée ! Et personne n'a jamais rien dit."
Je l'ai vu mettre des mains aux fesses à des femmes, leur toucher les seins, le sexe tout en blaguant.
Elle explique ensuite : "J'étais la compagne de Blier, j'étais relativement intouchable. Mais je n'ai pas du tout été épargnée par ses agressions verbales. Et puis, ça l'amusait beaucoup quand Blier lui demandait de mimer ou de me dire des cochonneries pendant qu'on jouait des scènes.
Blier et lui s'excitaient mutuellement pour humilier les femmes et en rire, et l'équipe faisait allégeance, riait aussi pour plaire aux rois. A ce moment-là de ma vie je n'avais pas d'autre choix que de rire avec la meute. (...)"
Anouk Grinberg regrette également que le monde du cinéma agisse comme "une famille avec tout ce que cela peut avoir de pathologique, voire de cruel : si quelqu'un a subi des violences sexuelles au sein d'un clan, le clan protégera l'agresseur, se retournera contre la victime."
Concernant l'omerta dans le cinéma, l'actrice ajoute ensuite : "Les hommes se protègent entre eux. Ils sont dépassés par ce qui est en train d'arriver, par la parole qui se libère. Je n'ai jamais vu d'hommes intervenir pour freiner les comportements déviants de Depardieu. Aucune femme non plus.
Fanny Ardant, qui connaissait Charlotte, a dit qu'elle se vengeait par dépit amoureux, mais où est passée son humanité à elle aussi ? Ce que je dis de Depardieu n'enlève pas qu'à certains moments on le regarde jouer et on voit une grâce, une immense connaissance de l'âme humaine. Comment ce clivage est-il possible ?
Mais quand le milieu dit "Oui, mais c'est un immense acteur", ce n'est pas le sujet."