La voix off sous toutes ses formes - Page 5

Décalée, inattendue, incongrue, fantasmée... Voici quelques exemples célèbres où la voix off se permet toutes les libertés !

Voix d'outre-tombe...
1. Un film et sa voix off : Kevin Spacey alias Lester Burnam dans American Beauty de Sam Mendes - 1999

2. Un autre film et sa voix off : William Holden alias Joe Gillis dans Boulevard du crépuscule de Billy Wilder - 1950

C'est là le plus célèbre paradoxe de l'histoire de la voix off : l'histoire racontée... par un personnage mort ! On songe immédiatement au film noir de Billy Wilder, Boulevard du crépuscule, où le personnage incarné par William Holden introduit le récit en se présentant comme le corps gisant dans une piscine. On retient aussi les premiers mots de Lester Burnam (Kevin Spacey) dans American Beauty : le narrateur entend se souvenir et raconter au spectateur les derniers jours de sa, dit-il, "misérable petite vie". N'en déplaise à notre Chateaubriand national, ces deux films-là auraient aussi pu s'appeler les "mémoires d'outre-tombe"...

 

Un étranger venu d'ailleurs
Le film : The Big Lebowski de Joel et Ethan Coen - 1997
Le personnage et sa voix off : Sam Elliott alias The stranger

Le film commence et se termine paisiblement avec la voix grave du narrateur : "Way out west there was this fella I wanna tell ya about". Ce qui est surprenant, c'est qu'il apparaît soudain comme un personnage qui intervient dans l'histoire ! Il est en réalité un homme solitaire, un vieux cow-boy texan qui semble avoir tout connu, tout appris et tout vu dans sa vie. Pourquoi s'adresse-t-il à nous et pourquoi veut-il autant nous raconter cette histoire? Il faut dire que lorsqu'on commence à faire la connaissance de The Dude, il devient difficile de ne pas s'attacher à son histoire...


Et le narrateur fut !
Le film : Charlie et la chocolaterie de Tim Burton - 2005

"In the end, Charlie Bucket won a chocolate factory. But Willy Wonka had something even better, a family. And one thing was absolutely certain - life had never been sweeter." Tout au long de Charlie et la chocolaterie, la version de Tim Burton, c'est un narrateur a priori neutre et reculé qui nous raconte l'histoire du célèbre héros issu du roman de Roald Dahl. C'est un narrateur très "littéraire". Mais à la fin du film, l'ultime mouvement de caméra nous révèle une pirouette scénaristique tout à fait incongrue : c'est en fait l'un des Oompas-Loompas qui détenait le récit entre ses mains... Encore une de leurs plaisanteries loufoques, cette fois à l'égard du spectateur !


Introduire le concept
Le film : Fantasia de James Algar - 1940
Le narrateur : Deems Taylor

 

La voix-off de Fantasia est celle d'un "présentateur" expliquant de manière claire et précise l'expérience à laquelle le spectateur va assister. Le but recherché est d'ordre didactique : apprendre en écoutant et en regardant un dessin-annimé sans parole. A chaque passage, le narrateur revient vers nous avec une anecdote, une histoire ou une simple présentation sommaire. Une manière originale donc pour faire découvrir et initier au monde trop cloisonné de la musique classique.

 

La voix fantasmée de l'écrivain
Le film : Le Plaisir de Max Ophüls - 1952
Le narrateur : Jean Servais alias Guy de Maupassant

Le film de Max Ophüls raconte trois histoires, inspirées de trois nouvelles de Guy de Maupassant. Ce qu'il y a de surprennant dès l'introduction du Plaisir, c'est que le narrateur, "assis à côté" du spectateur comme il l'affirme, se présente d'emblée comme l'auteur des contes qu'il s'apprête à exposer, autrement dit Maupassant lui-même. La voix off ne se fait pas seulement le porte-parole de l'écrivain, elle le représente véritablement en tant que personnage ! C'est la voix fantasmée, et merveilleusement dite par Jean Servais, de l'un des grands maîtres de la littérature française.