Cinéma israélien, un terreau fertile

Cannes, 1999. Les festivaliers sortent bouleversés de la projection, en compétition, de cette oeuvre grave et épurée sur la condition féminine à Mea Sharim, le quartier juif ultra-orthodoxe de Jérusalem. Le film brosse, avec une simplicité qui fait sa force, le portrait de deux soeurs montrées du doigt par la communauté, l'une parce qu'elle ne donne pas d'enfant à son mari -elle sera répudiée-, l'autre parce qu'elle n'aime pas l'époux qu'on lui impose -elle se rebellera. Avec ce film étouffant sur l'enfermement des corps et des esprits, Amos Gitaï accède à la reconnaissance internationale. Il n'en est pourtant pas à son coup d'essai : Kadosh (en français " Sacré ") est même le troisième volet d'une trilogie que cet ancien étudiant en architecture a consacrée à trois villes (Haïfa pour Devarim en 1993, Tev Aviv pour Yom yom en 1995, et donc Jérusalem pour ce troisième volet). Auteur aujourd'hui célébré dans les plus grands festivals du monde -mais pas forcément dans son pays, où son indépendance en dérange plus d'un-, Gitai décrit la réalité israélienne dans toute sa complexité, en se livrant à diverses expérimentations -hasardeuses pour les uns, captivantes pour les autres- : envoyer par exemple dans une zone de guerre une star de cinéma aussi glamour que Natalie Portman (Free zone) ou Juliette Binoche (Désengagement).