Je suis le travail des Parasites depuis un certains temps maintenant, et je suis très heureux de voir leur talent se concrétiser à travers un projet financé dans le circuit classique de production professionnel. Même si cela a pris du temps à se mettre en place (2 ans), ce qui contraste avec le temps de production auquel ils avaient l'habitude jusque-là en auto-production.
Mais le résultat est là. Une prouesse technique et surtout de mise en scène. Quel culot et quel exploit de réaliser un épisode de 20 minutes en plan séquence. Le travail monstre que demande ce parti pris, que ce soit sur l'acting et les chorégraphies, les déplacements, les supervisions FXs, nécessitant des répétitions précises et rigoureuses. Guillaume Dujardin démontre encore une fois sa capacité à tenir le rôle de scénariste, réalisateur et même parfois cadreur au sein d'un même projet. Et là encore, la maitrise du cadre est particulièrement difficile pour un plan séquence, surtout avec autant de personnages, de décors différents et de péripéties.
La thématique de l'effondrement du système dans une ambiance post-apocalyptique était une excellente idée et est en plus très actuel. L'idée de suivre plusieurs personnages, leur progression, selon plusieurs divers points de vue et plusieurs contextes différents était extrêmement pertinent et bien pensé. Et le travail effectué sur la psychologie des personnages et leur comportement face à de tels enjeux étaient vraiment bien travaillé et semblait vraiment réaliste. Quand on voit comment agisse les gens ne serait-ce que durant une grève des transports... où l'agressivité, la perte de bon sens et le chacun pour soi prime majoritairement, on se dit, non sans angoisse et effroi, que la série pointe et imagine avec justesse les réactions et attitudes d'une civilisation en proie au danger et à la mort.
Je soulignerai aussi l'excellent travail sur la musique, et notamment la musique du générique qui est vraiment belle, touchante et symbolise parfaitement le ton et la progression dramatique de la série.
L'idée de consacrer et situer chaque épisode dans une temporalité plus ou moins avancé de la catastrophe et de finir sur un épisode pré-catastrophe était aussi génial, tant cela fait écho à l'actualité et la passivité de nos dirigeants politique.
Le rythme des épisodes est bien dosé, et tous les épisodes m'ont convaincu. Seul l'épisode de la centrale m'a semblé un peu en dessous de tous les autres, sans doute parce que cet épisode était davantage centré sur l'évènement et l'action en lui-même, que sur l'épaisseur ou la psychologie des personnages. Quant aux meilleurs épisodes sur le plan émotionnel, je dirai que Le Hameau et La maison de retraite m'ont assez marqué. Bravo à Bastien Ughetto, que je trouve talentueux au sein du groupe en tant qu'acteur, et qui mériterait clairement d'avoir sa place et sa chance dans le paysage du cinéma français (bientôt, j'espère pour lui...et pour nous :)
Bravo à l'équipe !