Décidément, le format mini-série est quelque chose que j’affectionne de plus en plus. Il a l’avantage d’éviter d’être répétitif en sombrant dans la saison de trop, et permet de prendre plus de temps pour développer son histoire qu’un film. D’autant plus, que comme ça devient de plus en plus souvent le cas avec certaines séries, la frontière entre cinéma et production télévisuelle a rarement été aussi proche en offrant des œuvres dont la qualité cinématographique laisse admiratif.
Pourtant, sur le papier, je vous le concède, The Queen’s Gambit, ça ne vend pas du rêve : On va y suivre la vie d’une jeune fille qui va découvrir le jeu d’échecs pour finir par devenir un vrai phénomène. Sauf que c’est bien plus qu’une série sur les échecs. On a affaire à une œuvre résolument féministe, avec l’ascension de cette femme dans les années 50-60. Et forcément, vu le contexte de cette époque où la femme avait la même intérêt qu’un bouquet de fleur (être belle et ne pas trop faire de bruit), il y a de quoi parler… et la série le fait admirablement.
Même, si le jeu d’échec à une place prépondérante, il sera au final bien plus question de la place des femmes dans la société que du jeu en lui-même. On suivra l’histoire de cette femme ambitieuse ayant grandi dans un orphelinat et qui, pour grimper les échelons, va se battre contre une société misogyne, mais aussi contre ses addictions. Nul besoin d’être familier du jeu ou de connaitre les règles pour prendre du plaisir.
Sur le plan technique, c’est un sans-faute. Que ce soit les décors, les costumes, la photographie ou bien la bande originale, tout est fait pour nous imprégner de l’ambiance des années 60, et ça fonctionne à merveille. De ce côté-là, la série est un vrai régal pour les yeux digne des plus grands films d’époques.
Mais ou la série est la plus bluffante, c’est dans les phases de tournoi. Même si on est néophyte en la matière, la mise en scène souvent ingénieuse arrive à installer une tension assez dingue et rendre les parties passionnantes, tout en semblant garder une réelle cohérence du jeu en lui-même. Lors de ses scènes, la série prend même souvent des airs de thriller.
Et comment ne pas parler de Anya Taylor-Joy, qui magnétise l’écran et offre une partition magistrale et d’une justesse incroyable. J’avais beau avoir vu l’actrice dans quelques rôles au cinéma, elle ne m’avait jamais marquée, mais son jeu est ici impressionnant et la série doit énormément à sa performance.
Alors, oui, même si on remarque d’entrée que le show a d’indéniables qualités, ça démarre doucement, mais plus on avance, plus on devient accro au phénomène au point d’enchainer les épisodes.
Un vrai bijou télévisuel, et vu la durée (un peu plus de 6h) et le confinement, on ne va pas cracher sur un moyen d’occuper agréablement notre temps.
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