Je poursuis mon exploration du cinéma des frères Coen avec Barton Fink. Après le mémorable Fargo, le très intéressant Burn After Reading, j’avais envie de m’attaquer à un autre film de réputation des deux réalisateurs : Barton Fink.
Bon, c’est bien, mais pour moi inférieur à Fargo, c’est certain. Il y a scénaristiquement de très bonnes choses. La dénonciation du milieu du cinéma est drôle et corrosive, avec une représentation dopée à l’humour noir des pratiques assez foldingues des producteurs, réalisateurs, scénaristes… Cette partie est bonne, par contre j’ai vraiment le sentiment que la partie intégrant Charlie Meadows est inférieure, et s’imbrique moyennement avec le reste. La mise en place de la relation entre Fink et Meadows est bonne, mais par contre la dernière partie, assez abrupte, grandiloquente, attendue au demeurant, m’a franchement moins convaincu. En fait, à partir du moment où le film prend trop une tournure thriller, Barton Fink part un peu en cacahuètes, et oublie pas mal de ses points forts de la première partie.
Le casting est bon, avec des habitués des frères Coen. Turturro est idéal dans son rôle, en scénariste un peu perdu qui glisse petit à petit dans la folie. Goodman est idéal dans son rôle à contre-emploi ambigu et difficile à cerner. Autour de ce duo, une galerie de seconds rôles tout à fait fendard, spécialement Michael Lerner complètement déjanté aux côtés de Tony Shalhoub qui en fait des méga-caisse. Buscemi pour sa part est en retrait ici, il apparait peu. A souligner aussi le rôle très excentrique de John Mahoney, écrivain en pleine déchéance qu’il campe fort bien.
Formellement Barton Fink est très bien creusé. Les frères Coen livrent des images très réussies, notamment dans l’épilogue qui, tout en étant assez décevant sur le plan de l’histoire, a le mérite, au moins, d’être visuellement très réussi. Barton Fink nous plonge dans un univers assez cradingue qui contraste avec le soleil hollywoodien, et l’ambiance, d’autant plus qu’elle a un charme rétro, à vraiment de l’allure. Plastiquement pas grand-chose à redire donc, avec, comme souvent chez ces réalisateurs, une bande son discrète mais qui se marie bien à l’ensemble.
Bon, je ne vais pas mentir, Barton Fink reste pour moi une petite déception vu l’excellent départ, et mon intérêt pour ces réalisateurs. Comme je l’ai dit, la partie thriller fonctionne mal (rien que l’élément déclencheur, que je ne préciserai pas, qui n’est pas crédible si l’on y réfléchit un peu), et le film aurait dû se concentrer sur sa dénonciation du milieu du cinéma, sans chercher à mélanger les genres. Pour moi ça reste la lacune de ce film, ce qui ne remet pas en cause ses qualités formelles et ses numéros d’acteurs délirants. 3.5