L’écrivain à succès alcoolique, son corollaire l’artiste en panne d’inspiration, le producteur-requin aux dents longues, la femme mariée, muse soumise, une chambre de bonne bizarre, un voisin très mystérieux. Tous les éléments pour faire une palme d’or diront les mauvaises langues, sauf que là, ça fonctionne à merveille. Et une Amérique suggérée mais pas physiquement envahissante. John Turturo en Marge Simpson qui sort de chez le coiffeur, au jeu expressionniste comme pas possible, campe un écrivain qui rêve d’art avec un grand A, et qui va se faire dévorer par le système. On dirait un savant fou, incompris et maladroit. Lui il est exubérant, les autres hiératiques comme des statues de cire. La mise en scène est d’une incroyable sobriété, les situations sont d’une simplicité énervante d’efficacité, chaque scène fortement symbolique, fortement charpentée, pour un résultat original, décalé, et de plus en plus surréaliste avec un final digne de Salvador Dali. Un petit poussin entouré d’ogres et qui finit par rencontrer un cygne, voilà, j’ai dévoilé le sujet du film. Honnêtement, je ne suis pas un fou du travail des frères Cohen, mais je dois avouer que là, ils m’ont bluffés.
Fuir le dramatique au profit d’une vision intérieure, purement artistique. Surprenant et mystérieux, je dis bravo! Très beau moment de cinéma, et chef-d’œuvre récompensé comme il le mérite.