Autant être honnête d'emblée: je n'adore pas ce film. Je ne l'ai jamais trouvé exceptionnel ni même franchement bon. Cependant, il est encore considéré comme un chef-d'oeuvre (terme utilisé à tort et à travers par des gens pleins de certitudes) à l'heure actuelle par une bonne majorité. Sa sortie en 1991 était en plus accompagnée d'une sacrée réputation, comme quoi il s'agissait d'un des films d'horreur/épouvante les plus terrifiants et sordides jamais conçus. On se rend d'ailleurs compte jusqu'où une campagne de pub peut aller dans l'exagération et (limite) le mensonge pour permettre aux distributeurs de vendre leurs produits. Car selon moi, il ne s'agit nullement d'un film d'horreur/épouvante. Je ne serai d'ailleurs jamais d'accord avec cette affirmation concernant l'appartenance de ce film à cette catégorie. Certains films n'ayant pas la moindre image de gore (comme HALLOWEEN et FOG de John Carpenter) sont classés dans la catégorie "horreur/épouvante" et à juste titre pour ma part. Je ne le trouve d'ailleurs guère aussi terrifiant et sordide par rapport à sa réputation. Celle-ci me paraît franchement exagérée en comparaison avec d'autres films antérieurs. LE SILENCE DES AGNEAUX est plutôt un polar/thriller avec beaucoup de psychologie (un peu trop d'ailleurs à mon goût). L'ayant vu une première fois à l'âge de 16 ans vers fin 1992/début 1993, ce métrage m'avait franchement ennuyé. Le film passait à l'époque sur CANAL+ et j'avais prêté une VHS à un ami possédant le décodeur pour qu'il me l'enregistre. J'avais aussi lu le point de départ de l'intrigue dans le magazine de programmes télé que j'achète encore à l'heure actuelle. Au départ, c'est surtout ma mère qui voulait le visionner sachant qu'une amie l'avait vu au ciné. Nous l'avons donc regardé ensemble et avons été tous les deux déçus. J'avais trouvé son rythme trop lent en regard de son appartenance à la catégorie "polar/thriller". Et pourtant, je ne suis pas du genre à rechercher un rythme effréné à tout prix. Le film m'avait semblé plus long que ce qu'il ne dure en réalité. Ma mère avait aussi ressenti cette même impression. Quelques mois plus tard, j'ai fait la connaissance d'une personne tenant un vidéo club et qui n'en croyait pas ses oreilles quand je lui ai affirmé ne pas aimer ce film et le trouver ennuyeux. Il m'a conseillé de le revoir. Ce que j'ai fait 3 ans plus tard chez un autre ami, croyant être passé à côté de l'excellence du film. Une chose que je n'aurais jamais fait étant plus jeune. Je l'ai revu et écouté les dialogues plus attentivement que la première fois. Je me suis rappelé de certains dialogues en le revoyant. Ce qui prouve que je n'étais pas si inattentif que ça la première fois. Le film était mieux passé. Je l'ai de nouveau eu en ma possession en VHS. Et elle a dû fonctionner 2 ou 3 fois au total. J'ai donc dû le voir 4 ou 5 fois maximum. Et la dernière fois, j'ai de nouveau ressenti les longueurs de ce film que j'estime flagrantes. Ma première vision sera tout de même la plus pénible de toutes.
Pour en revenir au SILENCE DES AGNEAUX, je dois admettre ne pas adhérer au concept dès le départ.
Ce récit mettant en scène un ancien psychiatre/psychopathe/cannibale incarcéré dans le quartier haute sécurité d'un asile psychiatrique et faisant joujou avec une stagiaire du FBI
ne me captive franchement pas. La plus grande qualité de ce film demeure l'interprétation. Je parle notamment des 2 acteurs oscarisés. Malheureusement tout ceci est prétexte à de longues conversations (à caractère psychologique forcément) que je ne trouve pas très intéressantes. Certains bavardages n'en finissent d'ailleurs pas.
On a droit à 4 scènes de face à face entre Jodie Foster et Anthony Hopkins.
Et à part la deuxième, les 3 autres ne sont pas spécialement courtes. Tout ceci avec des champ-contrechamps. Et des gros plans tellement insistants et incessants sur le visage des acteurs qu'ils en deviennent très vite agaçants. Celui sur le visage de Jodie Foster terminant son monologue sur les agneaux est franchement interminable. Comme tout le reste de ce dernier face à face d'ailleurs. On a donc affaire à un film ultra-dialogué bien qu'il existe pire dans ce domaine. Et on nous sert une véritable overdose de psychologie. Les thrillers ont besoin de psychologie. Mais dans ce film, c'est juste "too much". Ca en devient même de la "psychologie de comptoir" servie par de véritables conversations de salon. Je pense que le problème vient du fait que le film est sans doute trop fidèle au roman. Et aussi du fait que selon moi, Jonathan Demme était un cinéaste n'ayant pas de style flagrant. Je n'avais d'ailleurs pas aimé son PHILADELPHIA, qui comportait aussi des gros plans insistants et incessants.
La traque finale dans l'obscurité de la cave avec les lunettes nocturnes m'a paru d'un pas terrible absolu. Elle ne réussit pas à installer un climat soit-disant angoissant. On a vu nettement mieux niveau intensité et tension auparavant. La scène du double meurtre dans la cage est à sauver.
Bien que Brian De Palma a fait tout de même mieux en matière de scène de meurtre dans un thriller que ce Jonathan Demme. Etant amateur du genre et ayant visionné beaucoup de thrillers avant, à la même époque et après ce film, je peux affirmer qu'il y en a de nettement meilleurs.
Une petite liste ici:
PULSIONS (1980)/BLOW OUT (1981)/BODY DOUBLE (1984) de Brian De Palma (mes 3 préférés de super Brian qui a réalisé d'autres excellents films) PSYCHOSE (1960)/SUEURS FROIDES (1958)/LE CRIME ETAIT PRESQUE PARFAIT (1954) d'Alfred Hitchcock (qui a réalisé d'autres excellents films aussi), LES NERFS A VIF (1991) de Martin Scorsese, ANGEL HEART (1987) d'Alan Paker (avec une dimension fantastique), MARATHON MAN (1976) de John Schlesinger, USUAL SUSPECTS (1995) de Bryan Singer, SEVEN (1995)de David Fincher, DEAD ZONE (1983) de David Cronenberg (avec une dimension fantastique également), MISERY (1990) de Rob Reiner, ARLINGTON ROAD (1998) de Mark Pellington, TROUBLES (1991) de Wolfgang Petersen (sorti en Belgique francophone sous le titre CAUCHEMAR SOUS PLASTIQUE), LA NUIT DES JUGES (1983) de Peter Hyams.
Ainsi qu'une merveille de suspense/huis clos: LE LIMIER (1972) de Joseph L. Mankiewiecz.