Sans doute le thriller de serial killer le plus célèbre du cinéma avec Seven de David Fincher, Le Silence des Agneaux de Jonathan Demme est une œuvre à la fois dérangeante et fascinante, qui n’a pas pris une ride depuis 1991. Porté par des acteurs habités et une réalisation exemplaire, Le Silence des Agneaux est un chef-d’œuvre inoubliable du Septième Art, l’un des piliers du genre du thriller policier, certainement imité à de nombreuses reprises mais jamais égalé. Un psychopathe connu sous le nom de Buffalo Bill sème la terreur dans le Middle West en kidnappant et en assassinant des jeunes femmes. Clarice Starling, une jeune agent du FBI, est chargée d’interroger l’ex-psychiatre Hannibal Lecter. Psychopathe redoutablement intelligent et porté sur le cannibalisme, Lecter est capable de lui fournir des informations concernant Buffalo Bill ainsi que son portrait psychologique. Mais il n’accepte de l’aider qu’en échange d’informations sur la vie privée de la jeune femme. Entre eux s’établit un lien de fascination et de répulsion. Sorti en 1991, Le Silence des Agneaux est depuis resté dans les mémoires des spectateurs comme l’un des films les plus terrifiants jamais réalisé. Devenu une œuvre culte du Septième Art mise au rang de monument par la critique et le public, Le Silence des Agneaux fut également sacré lors de la prestigieuse cérémonie des Oscars de 1992 en remportant cinq statuettes : Meilleur film, Meilleur réalisateur pour Jonathan Demme, Meilleur acteur pour Anthony Hopkins, Meilleur actrice pour Jodie Foster et Meilleur scénario adapté pour Ted Tally. Et aujourd’hui, le film de Jonathan Demme garde encore toute son efficacité et surtout toute son horreur. Et oui, car Le Silence des Agneaux est un thriller policier sur fond de film d’épouvante avec une ambiance angoissante et glauque. Adapté du roman éponyme de Thomas Harris et qui est le troisième volet de la tétralogie de l’auteur mettant en scène le célèbre personnage de fiction Hannibal Lecter, l’adaptation du Silence des Agneaux est certainement la meilleure de toutes, car il faut savoir que tous les livres d’Harris ont eu droit à leur propre adaptation au cinéma : Hannibal Lecter : Les Origines du Mal, premier opus de la saga, est sorti en 2007 et réalisé par Peter Webber, Dragon Rouge, deuxième opus de la saga, a eu droit à deux adaptations, l’une par Michael Mann en 1987 intitulée Le Sixième Sens et l’autre en 2002 sous le titre original de l’œuvre par Brett Ratner, Le Silence des Agneaux est sorti en 1991 sous la direction de Jonathan Demme et enfin Hannibal, le quatrième et dernier opus de la tétralogie, est sorti en 2001 avec le grand Ridley Scott à la réalisation. Et donc comme je le disais, la meilleure adaptation, en terme de fidélité au roman original, car il paraît que Demme est resté très fidèle à l’œuvre d’Harris, et cinématographiquement parlant, Le Silence des Agneaux est la plus mémorable, déjà pour avoir remporté cinq Oscars, pour être resté dans les mémoires des cinéphiles comme un chef-d’œuvre et pour être un des meilleurs thrillers policiers à mettre en scène la traque d’un serial killer. La première force du film réside bien évidemment dans son superbe scénario, sans qui il ne serait rien, comme tout film d’ailleurs. L’originalité du scénario du Silence des Agneaux est qu’il se divise en deux intrigues bien distinctes. Nous n’avons donc pas une seule et même histoire mais deux, qui sont très différentes et qui permet ainsi à ce thriller d’être plus complexe qu’il n’y paraît. D’abord il y a l’intrigue principale avec la traque du tueur en série Buffalo Bill par le FBI et surtout par l’héroïne du film, l’agent Clarice Starling. C’est une histoire parfaitement terrifiante et glauque où le psychopathe en question est un transsexuel complètement taré qui tue des femmes et leur enlève des parties de peau de leur corps pour se fabriquer une sorte de tenue et s’affirmer comme une nouvelle personne, plus un homme mais une femme. Et ensuite il y a la seconde intrigue, sans doute la plus passionnante, qui est celle où Clarice cherche à obtenir des informations sur Buffalo Bill par le biais d’Hannibal Lecter, un ex-psychiatre devenu un tueur complètement fou mais très intelligent et qui a la particularité d’être cannibale. Durant le film, et entre les deux personnages, s’installe une relation perverse entre eux, mélangeant la peur et la fascination de Clarice pour le tueur ainsi que la fascination et l’intelligence d’Hannibal pour entrer dans le cerveau de la jeune femme. Et pour obtenir ses informations, Clarice est obligée de raconter à Hannibal des évènements de sa vie passée. Et grâce à cette intrigue secondaire qui sera bouleversée par la violente et terrifiante évasion d’Hannibal au milieu du film, cela apporte une dimension psychologique au film qui va prendre le pas sur l’intrigue policière classique qui tourne autour de Buffalo Bill car le film se termine sur une fin ouverte avec le retour d’Hannibal. Et, en tant que spectateur, nous restons fasciné par les dialogues entre les deux personnages avec des répliques qui mettent mal à l’aise comme « J’ai été interrogé par un employé du recensement, j’ai dégusté son foi avec des fèves au beurre, et un excellent chianti. » ou « J’aimerais poursuivre cette conversation mais j’ai un vieil ami pour le dîner.», les plans rapprochés sur le visage d’Anthony Hopkins vont frissonner tant l’acteur est habité par le rôle d’Hannibal Lecter, ses yeux sont justes terrifiants. Avec cette seconde histoire, le film de Jonathan Demme nous emmène dans un thriller psychologique dérangeant et perturbant, certainement l’un des plus complexes jamais réalisé et raconté au cinéma. Ensuite, un autre point culminant de ce film mythique, c’est sa magnifique bande-originale composée par le célèbre compositeur américain Howard Shore connu également pour ses BO des trilogies du Seigneur des Anneaux et du Hobbit. Grâce à la musique de Shore, cela permet au film d’avoir cette ambiance froide et angoissante par moment, notamment lors du premier passage à l’asile, sous le thème « The Asylum », où Clarice interroge Hannibal. Après on ne peut qu’être impressionné par la parfaite réalisation de Jonathan Demme qui réussit à créer une véritable ambiance de thriller qui est digne du Seven de David Fincher c’est pour dire. Sombre, froide, poisseuse et glauque, on se sent souvent mal à l’aise et stressé devant Le Silence des Agneaux, notamment lors des moments forts du film comme les scènes de dialogues entre et Clarice et Hannibal, les passages avec Buffalo Bill, interprété par un terrifiant Ted Levine, l’évasion de Lecter pleine de violence, d’inhumanité et de peur, ou encore l’assaut final chez Buffalo Bill par Clarice qui est à un moment plongée dans le noir où seul le tueur fou la voit grâce à ses lunettes de vision nocturne et grâce à l’intelligente réalisation de Demme, le cinéaste effectue un mouvement de caméra en plaçant les yeux du spectateurs dans ceux du tueur qui est avec ses lunettes nocturnes pour que nous voyons le personnage de Jodie Foster terrifié, angoissée et totalement perdue dans l’horrible maison du psychopathe. Et enfin, si le film a autant marqué les esprits c’est surtout pour les prodigieuses interprétations des acteurs, dont les deux principaux furent récompensés aux Oscars. D’abord Jodie Foster, sans doute dans son meilleur rôle et celui le plus inoubliable de sa carrière, celui de l’agent du FBI Clarice Starling. L’actrice est excellente et dégage un charisme fou dans ce film ce qui fait qu’on s’attache très vite à son personnage déterminé à arrêté le tueur Buffalo Bill. Ensuite il y a le terrifiant Anthony Hopkins qui joue également dans le meilleur rôle de sa carrière, celui d’Hannibal Lecter, le mythique tueur cannibale très intelligent et dérangeant. L’acteur est habité par le rôle, on ne pense plus à Hopkins, on voit seulement Hannibal Lecter, des yeux perçants, une voix grave, son visage portant un masque inoubliable,… bref, avec ce rôle, l’acteur est devenu un géant du cinéma. Et ensuite il y a de très bons seconds-rôles en les personnes de Scott Glenn, Ted Levine ou encore George A. Romero, oui le réalisateur de La Nuit des Morts-Vivants et de Zombie. Voilà, pour terminer nous pouvons dire que Le Silence des Agneaux de Jonathan Demme est un film aussi fascinant pour son histoire que dérangeant par sa dimension psychologique et qui nous prouve une fois de plus que le monstre le plus terrifiant jamais mis en scène au cinéma n’est autre que l’être humain lui-même. Bref, un chef-d’œuvre qui a laissé son empreinte comme peut-être le plus grand thriller du cinéma. Et oui, ce « silence » est d’or !