Seul film à avoir raflé les 5 oscars majeurs (meilleur film, meilleur acteur, meilleur actrice, meilleur réalisateur, meilleur scénario) avec New-York Miami et Vol au-dessus d'un nid de coucou, Le Silence des Agneaux rentre clairement dans la catégorie culte. Tiré d'un roman de Thomas Harris, le film relate l'histoire de Clarice Starling, stagiaire au FBI qui se retrouve au coeur d'un dossier majeur impliquant Hannibal Lecter, psychiatre dérangé et cannibale, et Buffalo Bill, serial killer. Même si certains codes du film d'horreur affleurent, le film penche plutôt vers le thriller psychologique: il gravite constamment autour des joutes (saisissantes) entre Starling et Lecter. Ce sont les scènes les plus marquantes, et donc les mieux réussies du film. On a d'un côté l'interprétation glaçante d'Hopkins, et de l'autre la réalisation virtuose de Demme. Anthony Hopkins incarne le psychopathe avec un réalisme bluffant. Il semble habité. Si on ajoute à cela la caméra de Demme qui, dans un timing génial, alterne les gros plans sur le visage de Hopkins et les hors-champ suggérant la présence du psychopathe, on a là la force et l'essence même du thriller. Magistral est ce travelling qui introduit Lecter à Starling, montrant tour à tour les psychopathes repoussants et agressifs, puis Lecter, sourire en coin, droit comme un i, impeccable dans son habit de prisonnier, presque beau, et donc encore plus terrible et menaçant. Les dialogues entre les deux acteurs principaux vont vite tourner à la relation malsaine, on s'en doutait, tout en orientant l'intrigue parallèle (mais pour le coup secondaire, aussi bien en termes d'intérêt que de qualité) sur Buffalo Bill. Oui, de ce film je ne retiendrai qu'Hannibal Lecter et ses entretiens avec Starling. L'enquête est bien amenée et très bien insérée dans l'intrigue, mais souffre malheureusement de quelques raccourcis et incohérences(au premier rang desquels: mais qu'est-ce qu'une stagiaire vient faire dans tout ça?? C'est une femme attirante? Et alors, il n'y en a qu'une au FBI??), et surtout de la comparaison avec la force et la tension des scènes avec Lecter. Bref, pour moi, un film très inégal qui allie, habilement certes, génie et médiocrité.