La première chose qu'on a envie de faire une fois le film fini, c'est remercier Pascale Ferran. La remercier pour nous avoir offert ce film sublime, hors du temps, totalement déconnecté des contraintes commerciales du cinéma actuel.
On lui sait surtout gré d'avoir évité deux écueils, celui du mélo tel qu'on le pratique généralement aujourd'hui au cinéma (c'est-à-dire lourdement emphatique), mais aussi celui du film "auteurisant", aspect qu'on pouvait craindre dans une adaptation littéraire de plus de deux heures et demie, à plus forte raison dans un cinéma français parfois prétencieux. En fait, on a rarement vu une histoire d'amour aussi bien filmée, avec une telle délicatesse, évitant précisément toute emphase, ne cherchant uniquement qu'à atteindre la vérité des sentiments.
On est également fortement séduits par la beauté incroyable des images, qui ressemblent souvent à de la peinture naturaliste, à la plus belle toile d'un grand maître, dimension picturale extrêmement rare de nos jours. La nature, justement, élément clé du film, car il ne s'agit pas seulement d'une célébration de l'amour, il s'agit aussi d'une véritable ode à la nature sous toutes ses formes (végétale, animale).
On retiendra enfin la qualité de l'interprétation, notamment celle des deux acteurs principaux. Si Marina Hands a justement été récompensée d'un César, il aurait pu en être de même pour Jean-Louis Coulloc'h, formidable, à la fois pudique, authentique et bouleversant.
Voilà donc 2h38 de film qu'on ne voit absolument pas passer.