Cela n'a échappé à personne : le titre du dernier Gaspar Noé joue contre lui-même, d'autant plus que le réal suicidaire collectionne déjà les détracteurs et les railleurs, comme d'autres les meubles. "Enter the void", donc, moins poétique et plus international que le titre initial, "Putain le vide" – ah non, pardon, c'était "Soudain le vide"... De vide, il en est bien question ici, existentiel, scénaristique, philosophique peut-être, même s'il ne faut pas minorer les vrais mérites d'une telle proposition de cinéma. A l'instar du précédent long-métrage de Noé, le nauséeux mais néammoins magistral Irréversible, tout est question de fond et de forme : quelle est la légitimité des images de Noé? A quoi bon pousser aussi loin leur impact et leur force répulsive? Dans quel but esthétique, cinématographique? Dans "Irréversible", la plongée dans l'horreur nous laissait sur le carreau et s'avérait globalement concluante, mais moins grâce à une prétendue puissance de l'image, assez laide, excessivement crapoteuse et embarrassée de tics dispensables (les triples loopings de la caméra, sans intérêt), que grâce à un projet général bouleversant, celui du montage à rebours. L'expérience, immersive à force de longs plans-séquences, révélait sa valeur in fine dans ses dernières minutes, expression par l'inverse d'une douceur perdue, d'un avenir détruit par la marche tragique et irréversible (un titre superbe, rétrospectivement) des évènements. Les effets de manche et d'accumulation insoutenables s'en trouvaient en quelque sorte justifiés. Dans "Enter the void", c'est presque parfaitement l'inverse : la démarche esthétique est moins violente et bien plus scotchante, l'expérience n'est pas loin d'être totale... mais elle ne s'appuie sur rien de viable, s'étire jusqu'au supplice sans que rien ne vienne en prouver la légitimité, et finalement ne mène pas bien loin... (la suite de la critique sur mon blog : http://mon-humble-avis.blogs.allocine.fr/)