Huit clos situé au fond de l'océan, Abyss est certainement l'un des films les plus personnels de James Cameron, passionné, on le sait, par les fonds marins. Mélangeant des scènes d'action avec des moments, forts, de tension, il parvient à livrer un bon divertissement portant fondamentalement en lui un puissant message sur notre humanité et sa tendance destructrice ; d'elle même, de l'environnement, de la vie dans son ensemble. Si ce propos général - quoique porté jusque dans la station sous-marine via la lutte engagée entre les plongeurs et les membres des forces spéciales - est à saluer pour l'excellence de sa mise en scène dans un final absolument extraordinaire, on peut quand même regretter la tendance de Cameron à se laisser aller à une surutilisation des clichés inhérents au cinéma d'action et à la présentation de personnages parfois excessifs. Abyss pouvait s'en passer sans que cela ne nuise à son expérience, bien au contraire. De ce choix, découle un film perturbant. L'hostilité du plancher océanique semble, tantôt, très secondaire - L'action fait alors d'Abyss une espèce de blockbuster tout à fait commun -, quand, parfois, la dangerosité du milieu est soulignée avec tant d'évidence qu'elle absorbe entièrement, donnant à voir l'aspect fabuleux du monde sous marin ; cet univers qui compte pour l'essentiel de notre planète mais, qu'hélas [!] nous connaissons encore trop peu. Invitant le spectateur à découvrir un peu de ces profondeurs pour lesquels il s'est passionné, Cameron livre un film imparfait, insatisfaisant à bien des égards mais pourtant, terriblement attachant. Et si Abyss n'était pas, un peu à sa manière, à notre image ?