La Piscine est sûrement le film le plus connu de Deray et un des métrages marquants de la filmo de Delon-Schneider, et pourtant, je dois avouer que je n’ai pas été emballé à la hauteur de sa réputation. Ok, le film est beau visuellement, avec un décor quasi-unique, celui de la villa, qui est très bien exploité par Deray. Les couleurs sont belles, on comprend aisément que l’esthétique du film ait beaucoup inspiré la pub, d’autres films, et la mode du sud de la France chez les riches étrangers ! Tout est là, le tout servi par une réalisation léchée, élégante, sensuelle et astucieuse (notamment lors d’une scène clé que l’on ne voit pas forcément venir grâce à la réalisation) et une bande son appréciable, quoiqu’à mon sens en-deçà de mes attentes.
En clair, sur la forme, il n’y a rien à redire de particulier, le film a son style et il est fait tout en maîtrise. Côté interprétation, globalement ça tient la route. Delon est très bien, il impose son allure et son style convient bien au personnage ombrageux et torturé qu’il développe dans le film. En face de lui, Ronet est tout aussi charismatique, et je dirai même que par moment il vole la vedette à Delon qui reste assez en retenue. Côté féminin, Schneider est convaincante, avec un personnage un peu effacé néanmoins, face à une Jane Birkin tout à fait radieuse, mais au personnage mal exploité par l’histoire, et on arrive là au nœud du problème ! Birkin on l’attend en lolita, en nymphette séductrice, enjoleuse, provocante, et c’est pas du tout ça ! Je n’ai pas compris le traitement du personnage, mais il est à la base des problèmes scénaristiques qui m’ont franchement dérangé. Comment croire que Delon se laisse griser de la sorte, au point de tout perdre, pour une gamine qui a un physique assez anodin quand même (même si Birkin est mignonne) et surtout qui n’est pas dans la séduction ? J’avoue que je suis resté très dubitatif, car on en arrive à un couple Schneider-Delon beaucoup plus érotique et sensuel (confère la scène d’ouverture), alors que ça aurait dû être le couple Delon-Birkin qui aurait dû être beaucoup plus chaud. La passion est théoriquement de ce côté-là, et en plus Birkin s’est souvent dénudée dans ses films, ça n’aurait pas posé beaucoup de souci. Il y a un vrai souci dans la manière dont l’histoire se déroule dans la partie centrale du film, qui s’égare, et de fait, on comprend assez mal les revirements du personnage de Delon dans la dernière partie, d’autant que ça mène à rien de concret. Après oui, la dernière partie, qui en vient à une enquête policière classique regagne en attrait, car un suspense s’installe, mais c’est l’affaire de trente minutes (à noter d’ailleurs le jeu flegmatique mais très précis d’un Paul Crauchet mémorable).
En clair, pour moi il y a un souci dans l’intrigue. Elle n’est pas très cohérente et perd le fil de ce qu’elle aurait dû proposer. On ne ressent pas la passion du vieux pour la nymphette, on ne ressent pas le pouvoir d’attraction de la nymphette, toute leur prétendue passion nous est rapportée mais jamais illustrée, alors qu’on voit toute celle du couple Delon-Schneider, pourtant pas tant au beau fixe que ça à priori (cela dit là aussi il y a un souci car rien n’indique, à l’aune des scènes sensuelles de la première partie, que ça bat de l’aile dans leur couple). Reste un bel objet, une belle interprétation, une dernière partie solide, mais ces lacunes qui, pour moi, éloigne ce film du chef-d’œuvre, et même, du top Deray. 3.5